L'histoire :
En l'an 467, au sud de la Gaule, des légionnaires romains accompagnent des prêtres augustins jusqu'aux tréfonds d'une grotte cachée en pleine campagne. Au terme d'un dédale de cavités et de couloirs naturels, ils débouchent sur un sanctuaire au milieu duquel un sarcophage a été profané. A l'intérieur, ne reste en effet que le corps momifié de Marie-Madeleine... mais pas celui de Jésus ! Les prêtres s'insurgent devant cette hypothèse hérétique. Les romains massacrent alors les prêtres et un seul légionnaire, Servius Tullius, ressortira de ce lieu sacré et maudit, un rouleau manuscrit à la main. 600 ans plus tard, Adrien est un novice en cours de formation théologique sur le Mont Saint Michel. Des hauteurs du mont, son supérieur, le vieux Ranulphe, lui relate alors en toute urgence l'acte de Tullius et l'existence de 7 manuscrits récupérés sur la dépouille de Marie-Madeleine. Ces documents sont susceptibles d'ébranler les fondements de l'Eglise. Or, le vieux sait que Denis de Beaumont et ses tueurs sont en train de pénétrer sa cité pour s'en emparer. Ces hommes sont à la solde de Guillaume le conquérant, qui s'apprête à prendre la mer pour envahir l'Angleterre. L'abbé Ranulphe ordonne donc à l'apprenti curé de s'enfuir pour les protéger, lui indiquant qu'il trouvera une aide solide en la personne du mercenaire Guillaume le sec. Le novice peine à accepter cette responsabilité, mais il s'exécute en s'enfuyant par un passage souterrain...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Retrouvée sur manuscrit au siècle dernier, la dernière confession de Jésus Christ à « son amante » Marie-Madeleine, n'a été que récemment traduite du copte et (évidemment) jamais authentifiée par l'Eglise. C'est cet écrit sulfureux qu'Olivier Péru met au centre de ce nouveau thriller médiéval à connotation ésotérique, dans la lignée du Troisième testament, Cinquième évangile, Messager ou autre Triangle secret. Pour étayer l'intrigue et la rendre originale, nos protagonistes veulent s'emparer des 7 manuscrits en marge de l'invasion de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant. Si on ne doute guère que ces documents sacrées resteront confidentiels au terme de la série, les tensions se nouent sur leur appropriation et l'enjeu du pouvoir qu'elles confèrent. Lesquels des anglais ou des français vont s'en emparer pour tirer un bénéfice du contexte politique de l'époque ? Classique, la trame est néanmoins efficace, tout comme le dessin encré et réaliste semble de bonne facture. Néanmoins, deux gros hic se portent sur cette mise en bouche. Primo, sur un plan intermédiaire et complémentaire, celui de la « narration graphique », le parcours de l'oeil sur les planches n'est pas des plus limpides : la succession des plans, des cadrages et des mouvements pêche souvent dans sa logique... et l'on peine parfois à distinguer les personnages entre eux ! Bref la lecture n'est pas des plus fluides et réclame des allers-retours pour bien identifier les évènements et leurs acteurs. Deuxio, le tandem de « héros » paraît un tantinet bancal, mal assorti et moyennement crédible : il se compose d'un moinillon vénal, un peu écervelé et d'un chevalier dur-à-cuir tout frais dispo pour se lancer dans une grande aventure. Le prochain tome révèlera véritablement que la sauce prend (ou pas)...