L'histoire :
En l’an 474, le conclave romain envoie le centurion Opiter en Britannia (actuelle Grande Bretagne), afin qu’il extorque quelque vérité à Servius Tullius. Ce dernier a effet pu accéder à « l’évangile de Marie-Madeleine », un document écrit de la main de la femme de Jésus, qui ferait des révélations fracassantes sur le message du Christ. Mais Tullius se borne à rester muet. Il ne se confiera qu’à sa femme Aléa… En l’an 1066, Guillaume le normand s’apprête à quitter Saint-Valéry-sur-Somme pour conquérir l’Angleterre et chasser le roi qui en occupe le trône, Harold Godwinson. Harold est prévenu de l’invasion imminente des normands par les côtes sud. Néanmoins, il part d’abord vers le nord avec son armée, pour tenter de rallier à son camp son propre frère Tostig, qui a alors fait allégeance au roi Harald de Norvège. C’est la bataille de Stamford Bridge, que remporte Harold. Pendant ce temps, le jeune Adrien, ancien novice sur le Mont Saint-Michel, manigance dans le château du Wessex, en compagnie d’un mercenaire sensé le « protéger ». Son objectif est double : d’une part, il tente de séduire Mary Godwinson, la fille du roi ; d’autre part, il cherche à s’emparer de trois des sept manuscrits de Marie-Madeleine, afin d’en déchiffrer complètement le fameux message rédigé en copte. En confiance, Mary fait alors découvrir à Adrien un gigantesque réseau de grottes située sous le château, qui sert aussi bien de planques que d’accès secrets…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans les pas d’un apprenti curé, d’un mercenaire assassin et d’une fille perfide de roi, le premier tome prenait pour contexte un épisode charnière de l’Histoire – la crise de succession anglaise et l’invasion de Guillaume le conquérant – et posait une problématique ambitieuse : que révèle le mystérieux évangile de Marie-Madeleine, qui lui fut jadis dicté par Jésus, puis authentiquement retrouvé au XIXème siècle ? Au cours d’un second volet de 54 planches, Olivier Péru (en tant que scénariste) magnifie véritablement son idée de départ, continue plus que jamais de relier ces deux évènements de taille et parachève solidement leur dénouement. D’une part, nous assistons donc aux batailles de Stamford Bridge (Harold Godwinson, dernier roi anglo-saxon, contre Harald de Norvège et son frère félon Tostig) puis d’Hasting (où cette fois Harold fut vaincu par l’armée de Guillaume le conquérant). Ces confrontations homériques sont admirablement rendues par les encrages soignées de Denis Béchu, vraiment à l’aise dans ce registre martial. Le dessinateur peine plus, en revanche, pour reproduire et distinguer les personnages ou proposer un rythme limpide à ses cadrages et à des scènes de palabres souvent distantes et sombres. De fait, cela rend un brin plus pénible l’avancée du second fil rouge de ce diptyque, pourtant lui aussi très riche : on nous propose carrément et clairement une explication à la résurrection du Christ, une réinterprétation de la foi catholique et un positionnement sur l’existence de Dieu. Rien que ça ! Sans trop en révéler et au risque de choquer les grenouilles de bénitier, avouons que cette hypothèse en vaut bien d’autres… et que son développement se montre plutôt cohérent. D’une belle densité narrative, ce « thriller ésotérique-moyenâgeux-martial » assume donc finalement plutôt bien son rôle de divertissement légèrement intriguant…
