L'histoire :
A Berlin, en novembre 1700, Johann Böttger, alors apprenti chez l’apothicaire Zorn, s’empresse d’aller quérir un médecin. Le jeune fils de son maître se meurt d’un mal étrange… comme son frère, à peine quelques mois auparavant. Impuissant, le médecin aura besoin de l’avis d’un confrère pour affirmer que les fils Zorn montrent tous les symptômes de l’empoisonnement. Ils ignorent alors que ces meurtres sont ourdis par Le Vasseur, un sombre sbire du Prince Electeur de Brandebourg, qui s’apprête à être adoubé roi de Prusse Frédéric II lors de fastueuses (et coûteuses) festivités. Ce curieux plan n’entre vraisemblablement pas en écho avec celui d’autres hommes œuvrant à la gloire de Frédéric II : d’une part, l’alchimiste Künckel Von Löwenstjern, chez qui Johann continue également de s’initier aux secrets mystiques du grand œuvre ; d’autre part le diplomate Bartholdi, à qui le souverain doit l’accord de ses pairs pour un tel couronnement. Mais Bartholdi a d’autres préoccupations. Il se méfie notamment des aigreurs suscitées chez les royaumes voisins, en raison d’un accord obtenu aux forceps. Il semble que les polonais fomentent un attentat sur la longue route qui sépare Berlin de Königsberg, où est prévue la cérémonie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
France Richemond, la caution historique du duo de scénaristes, précise en préambule que la majorité des personnages et des faits rapportés dans cette série sont authentiques. Nous n’en doutions pas, tant l’historienne a la passion de son métier et la soif de le communiquer. Il n’y a guère que les conjectures occultes concernant les Rose-Croix qui sont ici inventées de toutes pièces et pour cause : la loge est toujours restée énigmatique quant à ses agissements et ses réels « pouvoirs ». Dans ce tome 5, dans le sillage du héros Johann Böttger, nous découvrons donc : l’auto-couronnement de Frédéric II de Prusse, les habiles manigances du jeune diplomate Bartholdi, la mort suspecte des trois fils de l’apothicaire Zorn… et même les deux transmutations de plomb en or réalisés par l’authentique alchimiste Böttger. Ces faits appartiennent à ce que les générations antérieures nous ont transmis par écrit. Néanmoins, on peine franchement à se passionner désormais pour ces aventures hybrides, tantôt lassantes quand elles sont diplomatiques, tantôt grand-guignolesques quand elles sont mystiques, et qui parviennent mal à se combiner en un souffle épique. Il semble qu’à trop chercher à broder sur des écrits authentiques, le résultat se soit abimé en intrigues bancales. Le dessin de Popescu est lui aussi sérieusement réalisé, techniquement parlant, mais il n’accorde pas l’empathie nécessaire aux personnages, qui permettrait de s’y attacher ; et trop souvent, il se cadre et se découpe de manière trop alambiquée pour être limpide. Les dernières planches précipitent et mettent un terme en queue de poisson à moult fils narratifs, pour clore une saga qui se sera effilochée au fil des tomes.