L'histoire :
Johann, apprenti alchimiste en grand secret la nuit chez maître Dagélius, est en fuite. Il a été dénoncé par le fils jaloux de l’apothicaire chez qui il était en formation en journée. Alors qu’il se sentait perdu, une noble jeune femme lui a offert une place dans sa calèche… Or il s’agit de la baronne de Lys, à la solde des Rose-Croix de Vienne, concurrents de ceux de Berlin. Menacé d’une arme, Johann se retrouve obligé de l’accompagner jusqu’à Vienne. Il y est reçu en audience au sein de la loge maçonnique des Rose-Croix, dont les membres sont cagoulés. Tous conviennent de son potentiel alchimique : ils ressentent son extraordinaire pouvoir. Ils l’enferment néanmoins dans un cachot putride, le temps de quelques analyses de sang. Johann tente en vain de s’évader et se souvient des conseils de son maître en s’essayant à la méditation. Le principe de la pierre philosophale passe par la voie humide, c’est en lui-même qu’il découvrira le véritable sens du monde. Pendant ce temps, l’intrigant Bartholdi entame un périple diplomatique et met en œuvre de basses manœuvres politiques auprès des gens de l’empereur Léopold, afin de mener Frédéric II de Prusse à devenir empereur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le troisième opus de cette série tranche avant tout par son changement de dessinateur : Augustin Popescu remplace désormais Luigi Critone, appelé sur d’autres projets (7 missionnaires, Je François Villon). Popescu a de la technique et du talent. Son dessin réaliste est plus fin et tout aussi agréablement cadré et mis en scène. Mais il est très loin d’accorder la même empathie aux personnages que ne le faisait Luigi Critone ! Bouches fermées, les protagonistes montrent des faciès sérieusement inexpressifs… et la force épique dont bénéficiait jusqu’alors la saga retombe comme un soufflet. Sans doute le fonds du scénario coréalisé par le duo Nicolas Jarry-France Richemont est-il lui aussi – et concomitamment – responsable d’une légère perte d’attrait. Le héros Johann aborde en effet des aspects plus sombres, complexes et tortueux de son art alchimique. Le temps des escapades est terminé : le voilà dans la cours des grands, confronté aux loges maçonniques dangereuses et… un brin grand-guignolesques. Car cette fois, les scénaristes n’y vont pas avec le dos de la cuillère sur l’occultisme fantastique et spectaculaire : renaissance par le feu, sorcellerie incantatoire, grand-messe, bûcher ardent tentaculaire… Le récit prend également une dimension diplomatique plus embrouillée avec les manigances de Bartholdi, personnage sulfureux et néfaste. Une nouvelle direction est prise, un peu déroutante pour le moment, qu’il faudra surtout confirmer dans le tome 4.
