L'histoire :
A Paris, de nos jours, deux hommes-grenouilles de la brigade fluviale tombent par hasard, au fond de la Seine, sur de mystérieux containers. A l’intérieur, des centaines d’ossements, que la police scientifique identifie comme appartenant à des humains, mais aussi à des animaux… en voie d’extinction ! L’énigme ne s’arrête pas là : les victimes humaines et animales ont été cuites à plus de 300° avant d’être découpées minutieusement à l’aide d’un scalpel… Puis une étrange inscription, E7 : 14-25, gravée sur quelques os, permettent d’identifier un passage de la Bible, dans l’Exode : « Et les eaux du fleuve se changèrent en sang ». Enfin, des charniers similaires, portant la même inscription, ont déjà été retrouvés dans le Danube à Vienne et dans la Vltana à Prague. Ce dossier piquant est logiquement confié à la meilleure profileuse d’Interpol, Michelle Krachek. Cette dernière, qui fait des rêves sanguinolents récurrents, n’a guère d’aversion pour le morbide et se fie généralement à ses intuitions, souvent profitables. Alors qu’elle entame scrupuleusement son enquête, elle retrouve une carte de visite sur son pare-brise, lui donnant rendez-vous pour rencontrer la « source »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicolas Tackian, directeur de la bannière Terres secrètes pour Soleil, poursuit le développement de sa collection avec cette nouvelle série prévue en 6 volumes, appartenant au registre du thriller horrifique (option ésotérisme). Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même (c’t’une bâche, Nico…), il l’inaugure en en signant le scénario, comme il l’avait d’ailleurs fait des deux autres titres de la collection, Le syndrome de Caïn et Corpus hermeticum. D’emblée, on fait connaissance avec une héroïne inspectrice d’Interpol, qui a trouvé sa vocation en tant que « profileuse » sur les affaires les plus infâmes. Elle est un peu le pendant féminin de Dexter (pour ceux qui connaissent la série TV), c’est à dire une surdouée en matière de viscères et d’hémoglobine, qui n’a pas froid aux yeux, mais qui cache tout de même quelques zones d’ombres. Quelque chose la hante en effet (son passé ?), qui revient régulièrement dans des rêves qui prennent la forme de planches rougeoyantes cauchemardesques (c’t’un compliment, Joan…). Au dessin, le catalan Joan Urgell fait montre d’un joli coup de crayon réaliste et d’un sens des cadrages très cinématographique. Ses encrages profonds s’adaptent à merveille au registre de l’épouvante, qu’amplifie encore la gestion des couleurs par Mambba. Le coloriste insiste volontairement lourdement sur les ambiances malsaines et gores (des planches grises, verdâtres, noires, sang coagulé…) et le frisson est assuré. Vous l’aurez compris, cette première intrigue emprunte des chemins malsains à souhait, à réserver à un public averti : rituels, charniers, boucherie humaine, cannibalisme… Pour l’ambiance, on se situe du côté du film Seven, pas très loin d‘une histoire hyper glauque qui a défrayé la chronique il y a quelques années (ça vous dit quelque chose, le « cannibale de Rottenburg » ?). L’intérêt de ce premier tome ne se situe pas dans la résolution à proprement parler d’une enquête, mais bel et bien dans la révélation par paliers de son horreur. Vue la matière première… qui dit mieux ?