L'histoire :
Tel que Wotan l’avait souhaité, Siegfried a accompli son destin en allant retirer des griffes du dragon Fafner l’Anneau de puissance forgé autrefois par Albéric le Nibelung. Pensant d’abord qu’en tuant la créature, il vengeait sa mère, le jeune guerrier comprend qu’il n’a été qu’un instrument. Celui du Père de Tout, Wotan, qui savait que seul son héritier pourrait récupérer ce condensé de pouvoir qui empêcherait peut-être sa fin. Cependant, les événements ne tournent pas à l’avantage du Dieu. Siegfried refuse en effet de livrer le bijou. Il affronte même Wotan et remporte le combat, en brisant d’un coup d’épée la lance de son adversaire… Pendant ce temps, Fricka, l’épouse de Wotan, est contrainte d’organiser la défense du royaume. Son mari est absent et les Géants sont aux portes du Walhalla. Aucun doute qu’avec le peu de combattants dont elle dispose, l’affrontement à venir est perdu d’avance. C’est pourquoi elle demande à son fils Baldur d’accompagner Froh et Idunn (Dieux Vanes retenus en otages à l’issu d’une guerre fratricide) pour quérir l’aide de leur père Njord. Pour sa part, c’est Brunhilde, l’ancienne Walkyrie, que Siegfried veut retrouver…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’on convient qu’on est amateur du genre ; si l’on admet que cette légende scandinave mise en musique avec maestria par Wagner sert copieusement de fondement au genre même de l’heroïc-fantasy ; si l’on est impatient de partager les tracas de quelques dieux : aucune raison de bouder son plaisir en dévorant les tomes de cette série. A l’inverse, si on a la nausée rien qu’à l’évocation d’une bestiole à écaille crachant sa fumée ou celle d’une créature à cornes ou oreilles pointues : aucune raison de tenter le coup. Car évidemment, la colossale entreprise à laquelle se sont attelés Djief et Nicolas Jarry est destinée aux doux-dingue du genre. Ce 4e volet ne fait d’ailleurs pas exception, en poursuivant le méticuleux travail d’adaptation de cette fabuleuse saga. Le choix du traitement est des plus classiques (à l’inverse de celui opéré par Alex Alice pour son Siegfried) mais il fonctionne relativement bien. En dépit d’un 4e opus sans doute le plus saucissonné de la série, on se laisse agréablement capter. La narration fait en effet place à 4 récits mis en parallèles : Siegfried et Brunhilde ; Wotan et ses errements ; les guerres saxo-burgondes et les tentatives d’alliance entre dieux. Pas couard pour deux sous, Jarry saute des uns aux autres sans plus de précautions. Force est de reconnaitre que ça n’handicape que très partiellement la fluidité. Si certains se délecteront des entrelacs mythologiques évoqués, les autres apprécieront la valeur épique et tragique de l’ensemble, impeccablement porté par Siegfried. Sans ce personnage et les incursions salvatrices dans le monde des Hommes (Manheim), l’ensemble serait moins savoureux. Djief continue, quant à lui, d’emballer convenablement le bonbon, sans pour autant forcer son talent. Une suite de facture classique, mais pour autant pas désagréable.