L'histoire :
Eristom est une ville qui ressemble à un paradis de l'efficacité, animé par des hommes « dés-émotionés », privés d'états d'âme et heureux, par définition, des tâches qu'ils ont à accomplir. Du réveil au coucher, leur vie est organisée par Vance, un humanoïde qui se prend pour un homme. Leurs gènes ont été modifiés à la naissance, pour en faire les rouages parfaits de cette ville sans âme. Mais un humain semble se dérégler : il se réveille en retard et ne prend plus vraiment goût à son travail. Lassé des dialogues systématiques avec son ordinateur d'appartement ou avec le robot d'accueil de son entreprise de déponnage électronique, Artan Betrak ne fonctionne plus normalement. Lors d'une intervention chez un énigmatique M.Ikal, Artan découvre sur un mur les images qu'il a vues dans son cauchemar de la veille. Des images d'animaux sauvages, inconnus à Eristom. De retour chez lui, il est obsédé par ces images et par de mystérieux documents qu'il découvre dans sa boîte à lettres. Commence alors un processus qui va conduire Artan à entrer en résistance, à chercher à connaitre une vérité interdite, à savoir ce qui se cache derrière le vernis d'Eristom. Et à comprendre pourquoi il se trouve au centre de ce bouleversement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D'album en album, le style de narration de Raphaël Drommelschlager progresse. Dessinateur reconnu de ses pairs, cet auteur complet met en scène ses propres univers, produisant des albums visuellement remarquables. Avec cette série qui débute (on souhaite à l'auteur un éditeur persévérant), on entrevoit un univers prometteur, une intrigue bien menée, des idées visuelles et scénaristiques intéressantes. S'il reste à l'auteur un rythme à trouver dans ses enchainements et ses mises en place parfois rapides, on découvre avec plaisir dans cet album une certaine légèreté, un recul par rapport au contexte qui facilite la lecture. Les échanges entre Artan et les robots qu'il croise rappellent les excellentes premières scènes du Cinquième élément, lorsque Bruce Willis dialogue avec ses appareils ménagers ou son ordinateur de bord. Et à mesure que l'intrigue avance, on réalise que ce premier album n'est que l'introduction d'une série qui va nous en faire voir beaucoup plus que les rues géométriques de la ville mécanisée. L'univers très aérien dessiné par Drommelschlager évoque de grands noms, comme Moebius, sans qu'à aucun moment on ne sente le poids des influences utilisées. Du coup, son album respire la classe, une élégance certaine dans un style épuré et dynamique. Le lecteur plonge alors sans retenue vers de magnifiques dernières pages muettes qui décollent carrément. Un premier tome très encourageant…
