L'histoire :
Alban et Hugo discutent à la terrasse d’un bar. Tout fiérot, Alban expose son dernier plan infaillible pour emballer une gonzesse : lui exposer ostensiblement sa jolie montre, dire qu’elle coûte super cher (alors que c’est une daube à un euro) et finalement lui offrir. Circonspect, Hugo ne demande qu’à essayer, notamment auprès de Latifa qui bosse à la Pitta-Gyros, et qu’il s’emballerait volontiers. Sur ce, il s’éclipse, laissant Alban payer… mais Alban s’éclipse à son tour sans payer. Il rejoint sa dernière conquête dans un autre troquet, qui vient d’éventer sa minable tactique de drague-à-la-montre. Elle l’a d’ailleurs déjà jetée, sa montre pourrie. Du coup, ce salopard va faire le coup à Latifa, en doublant son pote. Au début, ça fonctionne plutôt pas mal : Latifa accepte le cadeau… et puis tandis qu’il fait un petit tour aux toilettes, Hugo débarque et lui sort le même baratin et la même montre. Latifa comprend instantanément qu’elle est en train de se faire pigeonner. Du coup, la montre, elle la leur refourgue dans un hamburger… Ailleurs, plus tard, Jean-Marc attend Sylvie, une cyber-conquête dégottée sur Internet, pour un premier rendez-vous. Or, au lieu de voir débarquer la Julia Roberts promise, c’est une grosse dondon poilue et vulgaire qui se présente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les gens urbains est un recueil d’historiettes, sans liens apparents, mais réunies entre elles en une sorte de récit chorale. A travers cet exercice, avec la fantaisie dont il a toujours fait preuve, le scénariste Jean-Luc Cornette s’amuse à souligner tout un tas de médiocres comportements de séduction, tels qu’ils peuvent parfois avoir cours en milieu urbain, célibataire et trentenaire. Les méthodes de drague d’Alban et sa montre, ainsi que celle de la grosse Sylvie (voir résumé) se complètent de l’astuce de Fred le faux journaliste, de Philou le manager sportif qui met des tapes sur les fesses, ou de Tristan qui pose un lapin pour un voyage d’amour en Suède. Ces petites indélicatesses et grosses goujateries sont tour à tour légères, piquantes, amusantes, agaçantes et reflètent parfaitement les déviances de notre société arrogante en voie de bobo-isation (bobo = bourgeois bohême) et en pane de reconnaissances. Au dessin, Maud Millecamps, pour qui c’est là le tout premier album à part entière, se met dans le bon ton. Son trait moderne, « nouvelle vague » (une griffe dans la veine des Poisson pilote ou autres Kstr), est certes encore un peu hésitant dans le style, mais il montre une parfaite cohérence de bout en bout. Amusant…