L'histoire :
Au moyen-âge, un mystérieux Inca doté d’un pouvoir prémonitoire « voit » l’invasion future de son continent par les conquistadors. Pour empêcher le génocide de son peuple, il unifie toutes les civilisations du « nouveau monde » et envoie ses armées attaquer l’Europe ! Les atlantes, comme on les appelle alors en 1199, prennent rapidement le dessus sur les armées chrétiennes. Un saxon s’impose néanmoins pour mener la rébellion : Robin de Luxley, alias Robin des bois, a quitté la forêt de Sherwood pour gagner la France. En septembre, grâce au soutien du Pape Innocent III, Luxley a permis aux soldats chrétiens de reprendre Paris, alors tombé aux mains du sorcier Inca Vucub-Noh. En effet, ce dernier doté lui aussi d’un pouvoir de divination, ne parvient plus à lire à l’avance la stratégie de Luxley depuis que ce dernier absorbe du Peyotl. Le puissant sorcier est alors retranché avec une poignée d’indigènes atlantes à l’intérieur de la forteresse du Louvres, au milieu de laquelle il a fait édifier une pyramide maya. Mais Luxley s’abandonne de plus en plus au Peyotl, au point de devenir une vraie loque. Pour toute stratégie, il détermine mollement deux mages, des jumeaux, et les envoie en Angleterre en soutien à Richard cœur de Lion. C’est alors que l’Inca envoie ses filles contre-attaquer, à l’aide d’une armée de 400 000 hommes et d’une incroyable flotte volante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Europe moyenâgeuse attaquée par des armées incas bariolées, dotées du pouvoir de lévitation… voilà qui a de quoi bouleverser les historiens rigoristes ! Le synopsis est pourtant tout simple : qu’auraient fait les incas s’ils avaient connu à l’avance leur génocide futur ? Sitôt le postulat de l’uchronie fantastique accepté, le récit se laisse volontiers dévorer. Après une mise en bouche étonnante, un second tome centré sur l’inquisition, ce troisième épisode innove avec la contre-attaque maya, qui vient cette fois du ciel. Vaisseaux flottant, batailles aériennes, bombardements, lévitations débridées… La scénariste Valérie Mangin n’hésite jamais à faire dans la démesure, et ça n’est pas plus mal, au regard du registre. Ces nouveautés permettent en outre à l’espagnol Francisco Ruizgé de montrer une nouvelle fois toute l’étendue de son talent. Plans larges, plongées, confrontations sanglantes… Ruizgé ne ménage pas sa peine. Toutes ses planches sont d’un réalisme somptueux, magnifiées par un découpage dynamique impeccable (avec une mention spéciale pour les séquences oniriques sous peyotl). Si les scènes de batailles sont logiquement plus concrètes (et tant mieux !), le cœur du récit est toujours occupé par les conjectures militaires : de part et d’autre, il s’agit de connaître à l’avance la stratégie de l’adversaire. A noter, Valérie Mangin injecte également du sang-neuf au devant de la scène : côté atlantes, la princesse Cusi Coyllor supplante Vucub-Noh et côté chrétiens, Luxley est curieusement quasi inexistant, une pauvre chiffe sous emprise de la drogue. Se reprendra t-il en main pour le prochain épisode, le Sultan, lors duquel les chrétiens feront appel aux forces mahométanes ?