L'histoire :
Sous l'emprise de Peyotl, Robin de Luxley a laissé les troupes de Cusy Coyllor, la nièce de l'Inca, reprendre possession de la ville de Paris. Il ignore toujours que lors de ses transes, il est manipulé le fantôme de frère Adam, qui n'est autre que l'inca lui-même... La tragédie passée, Robin sort enfin de son coma et reprend pied dans la réalité, tandis que le Pape Innocent III est... à Jérusalem ! En effet, le chef suprême de la chrétienté, a fait un long voyage pour demander au grand Saladin, chef de guerre des Mahométans, de l'aider à reprendre ses terres chrétiennes aux « Atlantes ». Évidemment, ce dernier accueille cette requête avec une certaine jubilation... et se permet de mépriser son ennemi d'hier et de jouer avec les nerfs du Pape. D'ailleurs, Saladin négocie en même temps, parallèlement, avec des envoyés de l'Inca, quelque peu flagorneurs, qui lui proposent une alliance définitive contre les troupes chrétiennes. De son côté, la princesse Cusy est en train de gagner une guerre dans l'opinion publique : elle supprime les impôts et, enceinte du roi Louis (qu'elle a fait décapiter), elle décide de le faire baptiser. Dans ce contexte, la rébellion de Robin des bois est alors perçue comme une trahison...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur une idée de base astucieuse et sympathique, l'uchronie médiévale de Valérie Mangin livre à nouveau dans ce 4e opus son lot de développements surprenants. D'une part, après avoir été passablement passif au tome 3, Robin de Luxley retrouve un semblant de panache, et regagne son surnom « des bois » en regroupant ses rebelles en forêt. D'autre part, voilà le Pape qui s'en va demander en personne, en terre sainte, un petit coup de pouce au puissant Saladin ! Sans trop en révéler, reconnaissons que ce célèbre chef de guerre musulman tire le meilleur profit de la situation... Enfin, troisième atout de ce 4e épisode, la stratégie politique employée par la princesse Cusy se révèle avant-gardiste en matière de populisme moderne : elle manipule les foules pour retourner l'opinion à son avantage. Si la narration n'évite pas certaines longueurs, elle use parfois également d'idées savoureuses (la double planche 36-37, avec la préparation au combat similaire et parallèle des Atlantes et des Sarrasins). Alors que le dénouement semble s'annoncer pour le prochain tome, le dessin réaliste de Ruizgé demeure de haute volée : cadrages et proportions impeccables, encrages soignés, enluminés par la colorisation experte de Jean-Jacques Chagnaud. Certes, peut-être la série y aurait gagné à être exempt de ressorts fantastiques (la divination et la maîtrise de la lévitation, tous deux bien pratiques !) afin de se concentrer uniquement sur une pure relecture de l'histoire...
