L'histoire :
Déjà quand il était petit, Aldis impressionnait sa mère. Il avait un don pour ressentir les états d’âmes des autres, surtout quand ces derniers étaient puissamment tourmentés. C’est ainsi qu’adolescent, un soir à table, il avait fait éclater tout haut une vérité que son père et sa mère lui dissimulaient depuis toujours, à savoir que son père n’était pas son vrai père. Ce jour là, il était resté calme et autoritaire, mais cette discussion tendue avait marqué un tournant dans sa vie. Aujourd’hui, parallèlement à ses études en psycho, ce phénomène intérieur prend des proportions inquiétantes. Une simple dispute dans le self-service de son université, par un couple tiers, suffit à le plonger dans un malaise mental d’une extrême intensité. Il se raidit en empoignant une épaisse bouteille de coca en verre, la serrant tellement fort qu’il la brise dans sa main ! Ses camarades n’en reviennent pas, surtout qu’il n’a pas la moindre coupure… Mais ce qui épate vraiment sa copine, c’est qu’il soit suivi par le plus éminent psychologue que la terre ait jamais connu, le docteur Laplante. Or, c’est même ce dernier qui lui a proposé le suivi psychique ! Aldis se confie donc à cet éminent spécialiste… qui semble prendre la chose avec la plus extrême gravité. Parallèlement à cela, le climat social du pays est au bord de l’explosion, suite à divers scandales financiers. Razal, le charismatique leader et fondateur du mouvement humaniste révolutionnaire, foncièrement anti capitaliste, exhorte les citoyens à se mobiliser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre la chronique sociale fantastique et l’anticipation politique, One of us met en exergue deux phénomènes « borderline », dont on devine qu’ils vont agir l’un sur l’autre dans les deux prochains tomes prévus, comme un précipité chimique. Le premier est conscrit à l’état d’âme du héros, Aldis, pourvu depuis son enfance de facultés parapsychiques : il voit son don se décupler et ne parvient à le contrôler. Si la référence à Akira (Tetsuo !) est inévitable, on ignore encore la proportion et le sens de cette mutation. Il semble néanmoins qu’elle ait été créée… (suspens !). Le second est le contexte social de cette erre anticipatrice, au bord de la révolution : le système capitaliste a montré ses limites (tiens tiens…) et la société a trouvé dans les paroles d’un leader politique charismatique, la voie vers un nouveau modèle, plus humain. Côté scénario, David Sala nous abandonne donc en proie à des sujets d’actualité et/ou sujets piquants, dont on est (très) curieux de voir comment ils se rejoindront. Côté dessin, il s’essaie à un traitement infographique novateur, au mieux original et intéressant, au pire moyennement convaincant, mais bien en phase avec son sujet. Via ce trait coupant et moderne, baigné de teintes ternes, on y perd en effet en proximité avec les personnages, en humanité… Mais après tout, n’est-ce pas là le cœur du propos ? En tout état de cause, une mise en bouche très intéressante…