L'histoire :
Tandis que deux de ses compagnons, Howie et Bonnie, s’amusent comme des petits fous, à coups de rapières, dans l’auberge du Rat qui Pète, le capitaine Dan Dark tente de convaincre la belle Mahalia : il veut absolument que la jeune femme obtienne pour lui les faveurs de son grand-père, un fameux sorcier. Mail il semble que la belle nourrisse quelques rancœurs à l’égard de notre flibustier, pour tenter de risquer sa vie pour lui. Tant pis ! Dan n’a guère le temps de palabrer. En outre, ses compagnons se sont mis dans un sal pétrin. Il assomme donc Mahalia, la juche sur son dos, fait donner le canon pour se débarrasser des malotrus qui en veulent à son équipage et prend la mer aussitôt. Quelques milles plus tard, le pirate assiste au réveil colérique de sa belle captive à laquelle, après avoir bredouillé quelques excuses, il expose ses intentions. Il a en effet besoin des services de son grand-père pour lire une énigmatique carte indiquant l’emplacement d’un trésor qu’il espère fabuleux. En disgrâce de l’aïeul, il souhaite ainsi que Mahalia lui serve d‘intermédiaire. La jolie « prisonnière » accepte bientôt, à condition d’obtenir pour elle seule la moitié du butin espéré. En bonus, le temps du voyage, elle souhaite avoir pour esclave la fougueuse (et pas du tout d’accord) Bonnie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une tête coupée gisant sur une table ; des chopes de mauvais rhum qui se fracassent contre des mâchoires ; des tables qui voltigent ; des sabres qui tranchent avec appétit ; une taverne en feu… : en moins de 10 planches, seules les narines totalement obstruées n’auront pu humer avec gourmandise les effluves corsées d’un pur récit de piraterie. Pour ce premier abordage (parmi quelques 300 scénarii), dans ce genre souvent décliné, Eric Corbeyran multiplie les occasions de ne pas nous ennuyer. L’entame proposée, en effet, ne renouvelle pas le genre, mais offre, sans plus de prétention que de nous divertir, un récit dynamique, animé, utilisant avec maitrise tous les ingrédients que l’on en attend. Certes, la psychologie des principaux protagonistes est pour l’heure juste esquissée (on voudrait en savoir un peu plus sur chacun d’eux). Mais la fine équipe qui nous accompagne semble avoir un gros potentiel (humoristique, colérique, belliqueux, guigneux…), en particulier au travers de l’entrecroisement de leurs relations, à nous servir sans modération. Pour cette mise en place, Dan Dark et ses compères (une lesbienne nerveuse, un colosse mal dégrossi, la petite fille d’un sorcier…) ne ménagent pas leur peine (carte énigmatique, tribu hostile, monstre…) à courir un mystérieux trésor, pour un final d’album donnant très envie. Bref, du vrai et du bon récit de pirates, agréablement servi par un dessin cadré pour l’action, et avant tout dédié à l’aventure, le dépaysement et le divertissement.