L'histoire :
Ici, à Tarasque, on ne plaisante pas avec l'art. Les artistes sont les protecteurs de la cité et leurs œuvres permettent de garder en vie ses habitants. Si l'art diminue d'intensité ou de qualité, les fluves apparaissent et font des ravages, emportant avec eux les misérables artistes. Beaucoup sont morts dans de cruelles souffrances. Dans l'atelier du maître Raffelo, tout le monde s'affaire. Le maître cherche en vain son jeune peintre Fesolggio. Il finit par le trouver sur les toits en train de travailler. Le maître est furieux car sa toile est beaucoup trop avant-gardiste et sa vision du coucher du Derr est trop osée. Raffelo craint que les démons fantomatiques fassent leur apparition à cause d'une telle audace. Ils rentrent donc vite à l'atelier. La puissante Difgulia rend visite à Raffelo et lui demande où en est le portrait qu'elle avait commandé. La conversation s'arrête brusquement au moment où les fluves entrent dans l'atelier. C'est la panique, d'autant que les démons se rapprochent de Fesolggio. Ils encerclent son œuvre et blessent son visage. Pourtant, contre toute attente, les fluves disparaissent et laissent même des gemmes pour récompenser le travail de l'artiste ! La princesse Difgulia recrute le jeune peintre, qui va vite devenir la coqueluche de la ville.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sangre continue sa vengeance implacable contre les meurtriers de ses parents : huit assassins quelle va pourchasser en huit tomes. Le deuxième a de quoi plaire, puisque l'un des tueurs est un artiste de génie, à la façon des grands peintres italiens. Christophe Arleston invente un monde fascinant où l'art est une question de vie ou de mort. Cette prodigieuse idée offre des possibilités géniales et une mise en abyme des plus fascinantes. Adrien Floch s'en donne à cœur joie pour incarner cet artiste maudit en offrant des peintures et des architectures de toute beauté. L'arrivée de Sangre apporte encore plus de piment à l'ensemble. On suit son cheminement vers la vengeance avec inquiétude et effroi. Le suspense est bien pesé grâce au souffle meurtrier de la vengeance et à la personnalité hors norme de Fesolggio. Deux destins se croisent dans une trajectoire diamétralement opposée : l'une est en pleine ascension et l'autre dans une totale déchéance. Il y a également, dans le plan machiavélique de Sangre, une écriture tragique digne de Racine ou Shakespeare. Malheureusement, le final est beaucoup trop « gentillet » par rapport au ton sombre de la série. Arleston n'ose peut être pas aller trop loin dans le processus de la vengeance et tente tant bien que mal de redorer l'image de son héroïne pour ne pas heurter les adolescents. Le dessin imite également ce délicat entre-deux. Le trait de Floch est spectaculaire avec les couleurs flamboyantes de Claude Guth. Mais là aussi, on aimerait de temps en temps plus de violence et d'aspérités. La série reste toutefois diablement efficace et nous réserve encore de nombreuses surprises...