L'histoire :
New Eden City, XXIième siècle. La monstrueuse Mégapole est le symbole d'une Amérique religieuse et fasciste, qui n'a de cesse de vouloir coloniser ou détruire les autres civilisations. Duffy, une brillante femme flic et son adjoint Wyler, doué de pouvoirs médium, sont amenés à enquêter après une suite d'horribles meurtres qui ont frappé une série de magnats. Ces puissants avaient un point commun : ils faisaient partie d'une mystérieuse organisation, la fondation du Destin. Duffy et son collègue remontent la piste et d'incroyables apparitions se manifestent auprès de la femme-flic : serait-elle la réincarnation d'une jeune sorcière passée au bûchet en France, au XVIème siècle ? Serait-elle poussée à se venger des descendants de ses assassins par Sha, la déesse des Sorcières, à la justice intemporelle ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pat Mills a l'art d'inventer des récits épiques, aux univers désespérés, où la quête de justice et de vérité constitue la seule lueur d'espoir. Révélé par Slaine et sa monstrueuse hache, la bien-nommée « mord-cervelle », il s'est ensuite consacré à son autre dada : la science-fiction. Ceux qui ont lu ABC Warriors n'ont pas oublié ses délires mécaniques. En France, ses collaborations avec Olivier Ledroit ont vite été remarquées. On pense à Requiem et Chevalier Vampire... et bien sûr à cette série prévue en trois tomes. Nous sommes donc à mi-chemin de cette intrigue qui se situe entre fiction politique et théorie de la réincarnation, sous la forme d'un polar SF. A première vue, cela pourrait faire penser à un pot-pourri, passablement intéressant. Mais il n'en est rien. Ce récit, même s'il serait exagéré de le qualifier de passionnant, a le mérite d'être spectaculaire. Et une très grande part du mérite en revient au graphiste français, qui se fend d'un découpage caractéristique des histoires du scénariste britannique, avec trois « bandes » horizontales zébrant les pages, d'immenses illustrations (pleines pages, doubles pages), bref un visuel qui vient écraser le lecteur, pris de contemplation et cédant à l'impression qu'il est minuscule face à ce monde inquiétant. Sha est une réussite visuelle incontestable. Une expérience picturale qu'il serait dommage d'ignorer pour qui aime la bande-dessinée.