L'histoire :
Au sud de l'île de Bretagne, en l'an 446, un monastère vit sans contrainte, au rythme tranquille de ses occupants. Parmi eux, Ninian consacre son temps libre à une activité d'écriture dont il cache les preuves sous le lit de sa cellule. Kadog est son ami le plus proche, qui devine avec malice que son compagnon a un secret qu'il ne veut pas partager. Lorsque l’évêque Germain frappe à la porte du père Iltud, ce n'est pas pour une visite de courtoisie. Représentant du pape Célestin, il chasse dans toutes les régions éloignées de Rome les traces d'hérésie, les croyances qui s'écartent de l'église universelle. Persuadé que des druides se dissimulent sous de faux vœux de moines, il entreprend la fouille des cellules du monastère. Quelques mois plus tôt, plus au nord, dans un château perché sur une falaise en Hibernie, Erin assiste son père Finn sur son lit de mort. Il la charge de poursuivre la tâche qu'il s'était lui-même fixée, qui consiste à retrouver l'omphalos. Cette pierre est nécessaire pour accomplir la grande réunion des peuples d'Irlande et de Bretagne. Pour la retrouver, Erin doit rencontrer le fils d'un seigneur breton. Un dénommé Gwen, parti des années plus tôt vers un monastère du sud de l'île.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eric Corbeyran trouve à nouveau un dessinateur à la hauteur de ses qualités de conteur d'histoires et ainsi, cette nouvelle série bretonne et mystique démarre bien. Le scénariste présente trois axes qui progressent en parallèle tout au long de l'album, pour se rejoindre nécessairement... mais pas tout de suite. Le dessinateur Ugo Pinson s'inscrit d'emblée dans les traces des grands illustrateurs de l'heroïc-fantasy, en construisant à chaque case des tableaux peints d'une grande beauté. Ce travail ambitieux installe une ambiance historique forte, un prolongement visuel qui soutient avec crédibilité la mise en scène de son scénariste. Et quelques pages absolument superbes comme ce coucher de soleil sous un ciel de nuages sombres. Pour un premier album, le choc visuel est patent, Pinson réussissant à éviter la raideur souvent associée à l'absence d'un trait de crayon ou d'effets d'encrage. Il faut donc passer outre la profusion de séries historico-mystiques pour aller chercher dans les rayons de votre libraire ce premier album passionnant et beau. Il ne faut pas s’appesantir sur cette couverture qui ressemble trop à du Delaby, feu le dessinateur génial de Murena. Corbeyran et Pinson ont leur propre saga à défendre, qui n'a rien à envier à ses prédécesseurs illustres. Si elle tient les promesses de cette première étape enthousiasmante...