L'histoire :
En ces années post révolutionnaires, l’invention de Monsieur Guillotin n’a guère le temps de rouiller : les têtes tombent au gré des humeurs de ceux qui se succèdent à la tête de la jeune République française. Maximilien de Robespierre, « l’incorruptible », fait partie des principaux acteurs de cette lourde et cruelle répression. Mais, aussi froid et inflexible qu’il puisse paraitre, il a pourtant un secret : depuis quelques temps déjà, à l’insu de tous, il reçoit une troublante personne, la belle Camilla. Outre le plaisir de la chair qu’elle lui offre chaque nuit, il semble que la jeune femme joue un rôle essentiel dans sa destinée… Ce jeu ne laisse néanmoins pas indifférents quelques citoyens qui ont pris en filature Camilla depuis quelques temps. Ainsi, Frère Manakel et sa confrérie sont désormais convaincus que Robespierre est tombé dans les filets d’un ordre séculaire qu’ils combattent depuis longtemps : les filles de Lilith, des créatures ensorceleuses héritières d’Isis, qui souhaitent faire naître un monde nouveau. Pour l’heure, en effet, c’est bien le Montagnard qui est leur jouet. Mais pour servir quel dessein ? Manakel et les autres préfèrent agir avant d’en connaitre la réponse. Ils organisent l’enlèvement de Camilla. La lutte est rude mais la belle est domptée : emmenée en lieu sûr, elle refuse la moindre collaboration et même sous la torture, elle ne dira rien… sauf à un haut dignitaire de la confrérie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’instar de l’écheveau uchronique constitué par l’Histoire secrète de Jean-Pierre Pécau, Thomas Mosdi propose d’éclairer notre lanterne en revisitant l’Histoire. Ici l’examen donne lieu à la découverte de l’influence secrète sur notre Humanité de créatures légendaires capables de séduire le moindre quidam pendant son sommeil : les succubes. Qui sont-elles vraiment ? Que veulent-elles réaliser ? Pour le premier opus, c’est Maximilien de Robespierre et quelques autres sympathiques révolutionnaires qui nous invitent à faire connaissance avec ces charmantes créatures (ma foi, on n’aurait rien contre un envoûtement nocturne !) pour un balisage superficiel de la série. Car, il faut bien le reconnaitre, on reste quelques peu sur sa faim, le dénouement de ce bout de première intrigue n’étant pas des plus convaincants : les machinations se dévoilent mais… En outre, en amont, on s’était rapidement perdu dans le fil du récit, contraint de revenir sans cesse aux planches précédentes pour y retrouver un élément de compréhension ; obligé de consulter à outrance une encyclopédie… Bref, on ne sait jamais où ces demoiselles veulent nous mener. Seul le sens inné du rythme et de l’action, impeccablement servi par le graphisme de Laurent Paturaud, sauve cette mise en bouche. La cadence… et le dessin qui participe sans conteste via son incroyable élégance à nous donner l’envie de poursuivre l’aventure pour en connaitre le dénouement…