L'histoire :
Novembre 1915, chez les Malandrin. Bernard, le fils cadet, a les mains dans le pétrin, tandis que sa sœur Micheline enfourne les derniers pâtons. Rose vient faire un tour dans le fournil pour s’assurer auprès de ses enfants que tout se déroule bien : dans une heure, c’est l’ouverture du magasin. En cette période de rationnement, Micheline coupe la farine pour tenir jusqu’à la fin de la semaine. Soudain, une violente explosion vient détruire la boulangerie. Au beau milieu des décombres, Bernard git inanimé, la tête ensanglantée. Sa sœur ainée, abasourdie, se relève péniblement et s’approche de son corps. Effondrée, le serrant fort contre sa poitrine, elle est inconsolable… A moins que tout cela ne soit qu’un cauchemar.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La France s’enfonce dans la guerre et le petit village de Villeneuve n’est pas épargné. La nourriture vient déjà à manquer, conduisant des gamins à prendre de très gros risques pour rapiner. La majorité des hommes valides sont partis sur le front. Bon nombre de ces soldats vont être tués ou mutilés : pour ces derniers, le retour au village ne sera pas simple. Certaines des femmes dont les fiancés ont été réquisitionnés tombent dans les bras des hommes restés au village. La chronique de ce Village français durant la première guerre mondiale est assez séduisante, grâce à une narration de qualité. En effet, le contexte historique vient exacerber les tourments intimes des protagonistes, les travers des salauds ou encore la bienveillance des belles âmes, ce qui confère au récit une authentique dimension dramatique. Les intrigues sont bien menées, Jean-Charles Gaudin a un réel sens du suspens. Malgré la multitude de personnages avec ces 7 familles, on évolue sans difficulté dans cette histoire chorale ; au pire, il est possible de s’aider du trombinoscope qui sert de préambule à ce nouvel opus. Cette préquelle à la série télévisée éponyme de France Télévision vous donnerait presque l’envie de visionner les différentes saisons dudit feuilleton. Le trait réaliste plutôt abouti de Vladimir Aleksic est immersif. Il donne au récit une belle intensité pour une histoire davantage centrée sur la psychologie des personnages que sur l’action.