L'histoire :
Nanovorax. Il n’est pas encore né. Quelque part dans le ventre d’une pipette, il n’est encore qu’une larve ridicule. Une parmi tant d’autres. Toutes ne sont pas des réussites. Alors pourquoi lui ? Son père s’interroge. De plus, il est laid. Pourtant, se manifeste de lui une irrésistible envie de vivre. Un désir insatiable qui aboutit au devenir. Babyvorax. Accouché, Babyvorax exprime d’emblée une joie de vivre incontestable. Son père en est convaincu : son fils va croquer le monde. Il fera sa fierté. Il grandit malgré la jungle et les prédateurs qui le menacent. Perpétuelle soif de croissance. « Véritable Dieu » en gestation, l’être apprend les bases (manger, dormir) et se prépare un destin de guerrier. Il parcourt le monde qui l’entoure, le découvre et le digère. Il l’apprivoise. Minivorax. Minivorax aime faire des expériences. De fait, il aime tout court. Il a soif d’amour, de câlins toujours plus gros ! Adovorax. Désormais, sa faim incommensurable ne saurait être contenue. C’est la douce et belle Shawna – elle aussi fille de père – qui en fera l’expérience. Vorax, écoute-t-il encore son père ? Son amour du monde est si grand…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Expérience de lecture » (selon les propres mots de l’éditeur), cette nouvelle contribution surprenante au 9e art signée, Vorax met en scène un être étrange, né du néant, à la croissance exponentielle et infinie. Mû par sa faim, son désir de vivre et d’aimer, Vorax grandit selon la volonté de son père. Jamais il n’en échappera complètement malgré ses velléités d’émancipation. L’âge adulte venant, la créature apprivoise son environnement. Cannibale, prédatrice, elle le croque ! Malaise pour qui souhaite être aimé en retour, partagé entre un ami prénommé « Shlomo » (son âme sœur ?) et le destin qu’a ébauché son père… Comment interpréter cette histoire ? Que comprendre ? Encore une fois, Gabriel Delmas reste fidèle à son personnage de défricheur : insaisissable, provocateur. Quels parallèles faire entre l’Homme et Vorax, son histoire et l’Histoire de l’humanité ? La lecture est sans nul doute à plusieurs entrées. Voyage « psychédélique », dialogue de l’Etre avec son Créateur, métaphore éducative, romance contrariée, etc. Rien n’est certain. Au dessin, David Calvo épouse parfaitement les desiderata de son compère et parvient au moyen d’un trait « protéiforme » – expérimental – et d’une palette de couleurs excentriques, à rendre la dimension transcendantale du propos. Dimension à la fois force et faiblesse de l’album, à la limite de l’entendement. Amateurs de nouveautés Vorax est pour vous ; quant aux autres, montrez-vous curieux ou passez votre chemin.