L'histoire :
En 1941, en France, alors que se multiplient les rafles antijuives dans la capitale et que les artistes juifs « dégénérés » sont recherchés pour leurs œuvres, le peintre russe d’origine juive Chaïm Soutine quitte Paris avec sa compagne Marie-Berthe Aurenche, pour trouver refuge en Touraine, dans le petit village de Champigny-sur-Veude. Ici, l’artiste peut se concentrer sur son travail en pleine nature. Mais ses nombreuses colères le font passer pour un véritable ogre aux yeux des enfants, notamment le petit Marcel, 12 ans, fils du garde-champêtre. Et lorsque l’enfant apprend que ses parents vont loger le terrible Soutine sous leur toit, il est pris d’angoisse : l’ogre va habiter chez lui et dormir dans sa chambre ! Mais petit-à-petit, ces deux êtres que tout oppose, vont apprendre à se connaître malgré les crises du peintre russe. Et une profonde amitié va s’installer entre l’artiste et Marcel, sujet de sa toile L’Écolier en Bleu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Même si Chaïm Soutine est un peintre marquant du siècle dernier, force est de constater que le grand-public ne connait rien de sa vie durant la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, c’est dans cette période-là que ce peintre russe d’origine juive a réalisé ses toiles les plus connues dans un contexte difficile. Avec L’Écolier en Bleu, Fabien Grolleau (scénario) et Joël Legars (illustrations) se proposent de nous plonger dans le périple de cet artiste au tempérament explosif et sulfureux pris en étau entre sa créativité non canalisée et une nécessaire discrétion. En se basant sous le prisme de la rencontre de Soutine avec le jeune Marcel et sa famille, l’équipe créative a pris le parti de s’attacher à détailler la personnalité controversée de ce peintre hors norme mais ô combien intéressant. Ainsi, entre une rage primaire et une sensibilité à fleur de peau, l’artiste se dévoile peu à peu sous un jour nouveau dans la quiétude de Champigny-sur-Veude face au jeune Marcel, jusqu’à faire de ce dernier le modèle de son tableau intitulé L’Écolier en Bleu. À la fois si différents mais si proches, les deux personnages vont apprendre à se connaître petit-à-petit, à s’apprivoiser et à se comprendre... ou presque ! En ce qui concerne les dessins de Joël Legars, le crayonné nerveux et omniprésent des illustrations n’est pas toujours très détaillé mais colle à merveille aux œuvres brutes de Soutine et à son caractère explosif, notamment en ce qui concerne le passage de la crise d’ulcère, parfaitement représentative des œuvres de l’artiste... En définitive, même si les auteurs admettent avoir pris quelques libertés avec la réalité, cette bande-dessinée permet d’en savoir plus sur Chaïm Soutine, notamment en ce qui concerne deux de ses œuvres les plus marquantes : La Petite Fille à la Barrière et L’Écolier en Bleu. Qui plus est, la relation entre le peintre et le jeune Marcel dans le contexte historique lourd des rafles, donne au récit un éclat particulièrement saisissant.
