L'histoire :
Pad a quitté le Vietnam pour la Chine voilà presque 50 ans. Elle s'est désormais appropriée ses traditions. Lan est sa belle-mère. Son histoire, c'est celle d'une femme à qui l'on a trouvé le mari idéal. Un astrologue devait d'ailleurs comparer les thèmes des deux futurs époux. Les horoscopes étaient harmonieux, l'union pouvait avoir lieu... Huong est la mère de Pad, originaire elle aussi du Vietnam et de ses montagnes du nord, peuplées par l'ethnie des Hmong. Sa vie et son enfance étaient rythmées par le dur travail dans les rizières et les rassemblements au village... Tao, lui, est le seul héritier d'un restaurant familial. Il a passé son enfance en Chine au pays de l'enfant-roi. Citadin gâté, avocat raté, piètre élève, il est promis à Pad, sa future femme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laure Garancher, dont c'est la première BD, s'invite aux pays des rizières en racontant les destins croisés de deux familles, l'une chinoise, l'autre vietnamienne. Pour décors, deux pays aux traditions ancestrales, confrontés à l'évolution des mentalités. On suit donc ici les parcours de Lan, Huong, Tao et Pad, une jeune vietnamienne promise à un Chinois par un mariage arrangé. L'occasion pour l'auteure de faire le point sur l'évolution sociale d'un pays en plein boom économique, fort de son milliard et demi d'habitants, qui s'occidentalise à grands pas tout en conservant les traces socio-culturelles de son histoire millénaire. Pour ce faire, elle décrit quatre trajectoires individuelles, explique les traditions historiques et familiales, puis les confronte pour en révéler les contrastes identitaires. Découpé comme autant de tranches de vie en forme d'études de caractère, le récit est rythmé par un ton neutre et descriptif, qui étonne par moment et intéresse le plus souvent. Il y est question des désirs fanés d'une jeune Vietnamienne au pays de l'enfant unique, où avoir une fille n'est pas possible, où les naissances illégales sont frappées de pénalité, où pour exister « il faut respecter les traditions », se sacrifier, oublier son identité, son passé et ses rêves. Toujours très juste, même si l'on se perd parfois dans la généalogie (voir l'arbre en fin d'album), l'histoire évite tout jugement de valeur pour donner à voir la Chine et le Vietnam dans leur réalité la plus nue, en d'incessants allers-retours entre villes et campagnes, passé et modernité. Graphiquement, Laure Garancher, autodidacte, décline un joli trait, sobre et lisible, porté par des couleurs légères et agréables. Voilà une première BD maîtrisée qui devrait en appeler d'autres.
