L'histoire :
Le 27 juillet 1927, Gisèle Halimi vient au monde. Elle grandit dans une famille tunisienne, en compagnie de sa sœur et de ses frères. Très vite, elle se rend compte qu'elle n'est pas traitée de la même manière que ses frères, qu'elle n'est pas aimée de la même façon. On lui demande d'effectuer les tâches ménagères, de s'entraîner à être la parfaite femme au foyer. Mais Gisèle veut jouer avec les garçons, être libre, elle ne comprend pas ces injonctions. Bercée par un environnement où la religion a une place très importante, elle commence à faire de premières entorses aux règles qu'on lui impose. Et elle s'aperçoit qu'elle n'est pas dépendante de Dieu, et elle n'a qu'une envie : faire des études et devenir avocate. Elle part en France où elle va étudier, avant de revenir dans son pays, où elle va s'emparer de dossiers pour soutenir les militants des indépendances tunisiennes et algériennes qui étaient exposés à la torture et à la barbarie. Ne supportant pas l'injustice, elle va s'engager dans ces causes, mais va aussi se découvrir une véritable vocation, une envie profonde qui sommeille en elle depuis son plus jeune âge. Elle va s'engager pour soutenir les femmes et leurs droits. Gisèle Halimi sera au premier rang des combats pour le droit à l'avortement, la répression des viols, mais aussi une parité plus respectée dans tous les domaines. Une figure emblématique de l'Histoire contemporaine, qui a contribué à de grandes avancées.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Annick Cojean et Gisèle Halimi ont publié en août 2020, quelque temps seulement après la disparition de l'avocate, un roman intitulé Une farouche liberté. Celui-ci revient sur le parcours personnel et professionnel de Gisèle Halimi et sur ses engagements, avec une envie de transmettre ces combats, dans l'idée qu'ils se poursuivent avec les prochaines générations. Sophie Couturier et Sandrine Revel se sont associées à cette nouvelle aventure, à travers une adaptation du roman en bande dessinée. Elles poursuivent ainsi le postulat de transmission du flambeau, mais se placent aussi dans une optique de valorisation des figures féminines marquantes, pour une plus grande diversification des modèles historiques. On reconnaît dès les premières pages le style graphique de Sandrine Revel, notamment dans sa manière de dépeindre le personnage central de Gisèle Halimi. Celui-ci évoluera d'ailleurs graphiquement au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, allant de pair avec son cheminement et ses convictions. Cette biographie dessinée nous permet notamment de revenir sur le procès de Bobigny, durant lequel elle a défendu une jeune femme ayant vécu un viol, et les femmes lui ayant permis d'accéder à l'avortement. L'année 2022 célèbre les 50 ans de l'ouverture de ce procès, qui a permis d'ouvrir la voie à la dépénalisation de l'avortement en France. Une vie d'engagements féministes, une mise en lumière d'une femme souvent méconnue, cette bande dessinée est également un hommage à Gisèle Halimi. Les autrices rappellent aussi en fin d'album que le combat mené par cette avocate, pour une égalité entre les hommes et les femmes, n'est pas terminé, et que certains droits féministes acquis restent menacés.
