L'histoire :
Raulo Caceres a pris des virages singuliers et s’est affranchi de toute morale ou tabou. Cela commence par son adaptation de l’œuvre du marquis de Sade, Justine et Juliette de Sade puis les scènes époustouflantes de la bataille de Crécy. Dans Les Saintes eaux, Caceres représente avec maestria les paysages de Las Hurdes. Il s’attaque ensuite au ténébreux H.P. Lovecraft dans Insania Tenebris. Dieux, monstres, héros, vampires, héroïnes, créatures étranges… Le tout est sans arrêt dessiné à l’aune du sexe, dans la violence du rapport ou des membres fièrement affichés. A part dans le monde de la bande dessinée, l’auteur livre ici des dessins inédits. Toutes ces œuvres réalisées entre 2018 et 2021 sont des commandes, croquis, couvertures ou collaborations. Accrochez-vous et plongez dans un visuel démentiel comme vous ne l’avez jamais vu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un art book sur Raulo Caceres ? En voilà une bonne idée tant l’univers et le graphisme de l’artiste espagnol dépasse l’entendement humain. Les éditions Tabou proposent donc un recueil de 80 pages qui montrent de façon brute l’art si particulier de Caceres. Pas d’explications ni de commentaires : le texte se limite simplement à une introduction puis à une petite explication de l’auteur. Mais que dire d’autre que laisser exprimer son art dans son style noir et blanc soigné ? Dans la masse de dessins inédits, vous retrouverez des figures connues comme vous ne les aviez jamais vues : Conan et son goût de la fête et des multiples plaisirs, la Khaleesi dans des positions triomphantes et plus qu’équivoques sur le Trône de Fer, le Seigneur des Anneaux version féminine avec une Saurone ou une Nazgula SM envoûtantes, une Centaure amazone étonnante, Death Dealer en mode guerrière plantureuse, un Batman obsédé par le corps de Poison Ivy… On le sait, Caceres est un auteur sulfureux et son érotisme violent peut heurter certains lecteurs. Mais l’art de Caceres, ce n’est pas juste des femmes nues et du sexe sans âme. On croirait plutôt voir du Philippe Druillet version pornographique dans le côté habité avec des planches d’une audace et d’une composition folles. Il y a de tout dans ce livre et même des choses que vous ne pouvez imaginer : des seins énormes ou en forme de mâchoires acérées, le sexe triomphant des femmes qui s’affiche jambes écartées, l’aiguille des bottes qui écrasent le mâle en pâmoison sans compter de nombreux objets et décors pointus comme des phallus dressés… La femme sous toutes ses formes (géantes, guerrières, démone, cheffe…) et avec beaucoup de formes est à l’honneur et la beauté fascinante de chacune d’entre elles exerce une attraction incroyable. La finesse du noir et blanc et la maîtrise de chaque technique d’encrage contraste singulièrement avec le choc de l’image. Le baroque macabre et la violence bestiale poussés à son paroxysme rend le style poétique, comme si Lautreamont était devenu un dessinateur de génie. Plus encore que ses albums, on se rend compte que le style graphique est une pure merveille, noire certes mais tellement puissant, tellement symbolique, tellement fascinant. Caceres ouvre les portes sexuelles de l’Enfer : vous ne résisterez pas longtemps à la tentation d’y pénétrer…
