L'histoire :
En l'espace de plusieurs décennies, le monde a bien changé. Dès 2055, les progrès technologiques ont fait de la fécondation in vitro le principal mode de reproduction pour l'espèce humaine, au dépend du coït initial. Plus tard, une guerre chimique annihilera définitivement les mâles de la planète. Désormais, la masturbation, le cunnilingus, le voyeurisme et n'importe quel type de pénétration sont devenus des crimes graves. La police de la morale traque et châtie toutes celles qui commettent ce type de pêché. Deborah Lick est l'une des enquêtrices les plus talentueuses de l’hyper-mégapole. Alors qu'elle vient de faire coffrer une revendeuse de godemichés, elle reçoit une nouvelle mission de la part de la commissaire. Celle-ci lui confie un film pornographique dans lequel apparaît un hermaphrodite, une espèce impossible, car ces derniers sont théoriquement éliminés à la naissance. Deborah commence son investigation mais très vite, elle comprend qu'elle a mis le doigt dans un sombre engrenage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En l'espace de quelques années, le dessinateur espagnol Juan Jose Ryp s'est fait une place dans l'industrie du comics. Pourtant, c'est dans le domaine de la bande dessinée pour adultes qu'il a débuté dans son pays. Les éditions Tabou nous avaient déjà dévoilé les premiers titres de l'artiste avec Jeux de filles et GladyS&Monique. Il restait encore un récit inédit nommé Ignominia. L'histoire mélange plusieurs genres comme le polar, la science-fiction et bien évidemment du sexe façon explicite. Juan Jose Ryp décrit un monde où la gente masculine a totalement disparu et où les comportements liés au coït sont prohibés. Partant de ce contexte, le dessinateur peut laisser libre court à sa passion : illustrer les femmes sous tous les angles et dans des situations pour le moins intimes. L'histoire est plutôt agréable à suivre et bien plus étoffée que la majorité des bandes dessinées coquines existantes. L'enquête de Deborah Lick la propulse dans des situations toujours plus chaudes et sous ses airs de policière intègre, elle adore s'offrir quelques plaisirs interdits. L'ouvrage est de très bonne facture et bénéficie du travail conjoint de l'éditeur et de l'auteur qui ont remastérisé la centaine de pages initiales. Celles-ci sont entièrement en noir et blanc et permettent de profiter des nombreux détails cachés par l'artiste. Intéressant, coquin et plutôt bien fichu, Ignominia est une bande dessinée de genre qui s'assume et qui, surtout, ne se moque pas des lecteurs en terme de finition... à la main bien sûr !