L'histoire :
Lanceur de couteaux, habillé d’un costume vert, Caktus est un justicier masqué qui s’est installé dans la petite ville de l’ouest aride américain, Santa Pé. Dans le civil, il est le commis sourd et muet de Diogène, le nouveau blanchisseur de la ville. Il est réputé un peu fainéant et pour cause : il œuvre la nuit et passe donc ses journées à récupérer dans un hamac, à la vue de tous. Or au palais, l’infâme gouverneur Cordoba est séduit par la nouvelle proposition de son comptable Frigaim : promulguer une taxe sur les jeux d’argent. Dès lors, les parties de poker, de Monopoly®, le moindre pari sur la voie publique, sont directement ponctionnés par les séides de Cordoba pour remplir les coffres du palais. Caktus intervient certes de temps à autre pour redistribuer aux pauvres… mais c’est insuffisant. Le démoniaque Frigaim va plus loin : il organise une grande « lotombola » permettant de gagner 10 000 pesos… puis 20 000 pesos ! Quelques complices l’aident à inciter les habitants à jouer et même à… discréditer Caktus ! Le coup est double : le succès du jeu est au rendez-vous et Caktus devient impopulaire. La fièvre du jeu s’est emparée des habitants. Frigaim prolonge alors son plan et propose de construire un casino géant. Puis carrément, là, en plein désert, de bâtir une ville intégralement dédiée au jeu d’argent ! Une idée saugrenue, selon Cordoba…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans une veine digne du maître René Goscinny, Nicolas Pothier est assurément le scénariste qui instille le plus fort taux de jeux de mots au phylactère-carré. De fait, confronté à l’ambiance western alliée au dessin caricatural et très dynamique de Johan Pilet, le lecteur aura la sensation de se retrouver dans un Lucky Luke des belles années. Que voilà une flatteuse comparaison ! Certes, Caktus exploite aussi énormément les fondamentaux héroïques de Zorro : justicier masqué, complice sourd et muet, base souterraine, gouverneur tyrannique, pauvres peones (paysans mexicains) à sauver… Toutefois, Pothier va au-delà des inspirations évidentes, pour ici encore livrer une intrigue « de fond » qui fait sens. Caktus se retrouve en effet impuissant à combattre la fièvre populaire du jeu d’argent – et l’impôt indirect qu’il induit (comme Le bandit manchot). De là, sans en faire de trop et en maintenant le cap sur le divertissement grand-public truffé d’humour, le scénariste aborde aussi adroitement la spirale infernale de l’endettement, de la pression bancaire et du marasme étatique… La critique de la crise économique actuelle n’est pas loin ! Si les lecteurs acheteurs avaient la bonne idée d’être au rendez-vous, nous serions peut-être en passe de voir naître une série au long cours de qualité et tout-public, dans la pure tradition du 9ème art franco-belge. Ce qui n’est pas arrivé souvent depuis un gros quart de siècle…