L'histoire :
Rome, 1er siècle avant Jésus Christ, quelque part dans un des bordels du quartier de Subure… Il a beau léchouiller à pleine bouche, se faire caresser à plusieurs mains ou se régaler les yeux à satiété : la virilité de Samuel ne grandit pas d’un pouce. Au point de lasser définitivement quelques unes des pensionnaires de l’établissement pourtant particulièrement appliquées. Le jeune homme ne veut néanmoins pas avoir quitté cette maison des plaisirs sans avoir joui. Bientôt empoigné par un colosse appelé en renfort, il ne tarde pas à se retrouver dans le plus simple appareil, au milieu de la rue crasseuse et constellée de bons citoyens avinés. Un peu plus tard, il vide sa vessie contre un tronc accueillant et rêve en silence de s’emplir la panse d’un gros faisan de Colchide, de vulve de truie fourrée au hachis accompagnée de roquette et de vin. Notre ami est brusquement tiré de ses rêveries : on lui pisse sur la tête à grand jet. Prenant son courage à pleines pognes, il escalade la façade, enjambe une fenêtre pour se retrouver face à son agresseur : une plantureuse beauté qui, après lui avoir fracassé (en bonus) une amphore de vin sur la tête, lui révèle qu’elle a terriblement envie de lui. Notre bonhomme vient, pour son plus grand bonheur, de tomber dans les filets de Léa, dite La Lionne. Cette courtisane de renom lui fait retrouver toute sa virilité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après île, poules, pirates et boucannière rousse au sang chaud (L’île au poulailler en 2 tomes), Laureline Mattiussi nous invite dans les bas fonds de la Rome antique pour une aventure réjouissante et particulièrement crue. Pour ce faire, l’artiste multiforme Sol Hess (avec lequel Laureline Mattiussi collabore, entre autres, pour les visuels de son groupe de zic Sol Hess and the Sympatik’s) lui offre un scénario aux personnages et décorum savoureux. Bordels de seconde zone, rues aux remugles nauséeux, orgies à gogo, été suintant et peste ravageuse servent alors de douillet cocon à un panel de protagonistes irrésistibles. En tête, Samuel, un jeune juif à l’érection désespérément mollasse, jusqu’à ce que le hasard le jette entre les cuisses de Léa, dite La Lionne, une courtisane en passe d’être louée une année entière à un gros Consul repoussant. Et c’est d’ailleurs de cet événement que tout basculera, pour que s’animent aux cotés de Samuel et Léa, Catulle un poète licencieux éconduit, Rufus prêt à tuer pour retrouver la couche de sa fauve préférée ou Aulus, un balafré dépressif serviable comme pas deux. Bref, on retiendra de cette mise en bouche (il en est d’ailleurs souvent question…) son pouvoir maximal d’attraction, pour peu qu’on fasse parti du fameux public averti. Celui-ci se régalera alors tout aussi goulument que les auteurs, d’un jeu de dialogues crus et d’ébats transpirant de sensualité vorace, gourmande, fusionnelle (et pas bêtement pornographique) non censurée. La fluidité de la narration, associée à l’efficacité du trait et un sens inné de la mise en scène, propulsent une nouvelle fois le travail de miss Mattiussi dans la catégorie des Sfar et des Blain : la même capacité à nous passionner avec du simplissime ; la même manière de rendre les couillons héroïques et attachants. On s’impatiente, en tous cas, de connaitre la suite et de savoir où tout ça nous embarquera.