L'histoire :
Tandis que la peste œuvre à grand train au cœur de la cité romaine, Léa – dite La Lionne – est accusée d’assassinat. On lui reproche en effet d’avoir empoisonné Publius, le gros Consul auquel elle avait été louée pour un an. Elle n’y est pour rien, mais se retrouve en prison au grand dam de ceux que son érotisme naturel ou ses dons pour la gourmandise sexuelle ont envoûtés. Parmi eux, Samuel, un juif à l’érection anciennement mollassonne, est miraculeusement redevenu priapique au contact de la peau de ce joli félin. Aussi, aidé par une bande de redoutables brigands, libère t-il son aimée. Le couple quitte alors la cité sans se faire prier. Il laisse aussi derrière lui peste, brigands, soldats trucidés et tous ceux qui auraient bien voulu se perdre entre les cuisses de Léa. Cachés au milieu des ruines qui bordent Rome, Samuel et Léa font une curieuse rencontre. Celle d’un vieux cavalier leur ordonnant de s’écarter sur son passage, au motif qu’il est l’Empereur Jules César en personne. Cependant, le bonhomme est mort depuis plus de 30 ans et Samuel refuse d’accorder le moindre crédit à ses affabulations. Mais c’est sans compter sur les capacités de cet étrange quidam qui convoque dans l’instant Jupiter et ses foudres pour se faire épauler. Ou pour prendre un bel éclair sur le museau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Crinière rousse pleine couverture, revoilà notre appétissante Lionne à la faveur d’un deuxième opus chargé de boucler ces péripéties antiques initialement prévues en 3 mouvements. Une seconde fois, la griffe jubilatoire de Laureline Mattiussi nous gave de mouvement, de sexe (mais un peu moins que la première fois) et de sang (là un peu plus que précédemment…). Privilégiant le rythme de l’image aux dialogues, l’ensemble embarque ainsi son lecteur au triple galop, appuyé par un dessin rugissant d’expressivité. Aucun répit ne nous sera donc concédé pour tenter d’accompagner la fuite de l’envoûtante Léa – dite La Lionne – et de Samuel, son nouvel amant. Brigands, soldats, poète, grecs, bambin et cavalier halluciné enchevêtrent ainsi violemment leur destinée à celle de notre courtisane, accusée à tort d’avoir empoisonné un Consul adipeux, pour une conclusion aux relents apocalyptiques. Car si l’on peut regretter au final le manque de densité du scénario (diablement balancé à la vitesse de la foudre de Jupiter), Sol Hess et sa comparse aux crayons mettent parfaitement en scène (décorum, folie, verbe incisif et cru, colorisation…) décadence et inexorabilité de la fin de l’Empire Romain. S’il fallait louer une intention, nous retiendrions celle-ci. A laquelle il faudrait incontestablement ajouter la force charismatique, chargée d’érotisme et de sensualité, du personnage central parfaitement campé et furieusement attachant. On regrettera d’ailleurs que ce potentiel n’ait pas été un peu plus exploité pour vivre avec cette Lionne joliment carrossée quelques rebondissements autant jouissifs que savoureux. Pour autant, il serait dommage de bouder cette virée dans les bas-fonds de la Rome Antique. Rarement, en effet, l’excès tous azimut aura été si bien serti, la folie hallucinée aussi gourmande et l’amour aussi judicieusement millimétré.