L'histoire :
Lorsqu'il s'agit de récupérer au fond de l'eau un mystérieux objet appelé N515, ce n'est pas l'agence Bloodshift qui est missionnée, mais un de ses concurrents. Robert Narval ne voit pas cela d'un bon œil et démontre à Rumble, plongeur américain arrogant, qui est le plus compétent. Toutefois, Bob va apprendre à ses dépens qu'il ne faut pas pour autant tenter de rouler dans la farine le patron de l'agence Bloodshift, qui n'est autre que son propre père, sous peine de se retrouver avec un œil au beurre noir. La seconde mission du Narval consiste à récupérer de multiples trésors au fond d'une épave, pour le compte d'un passionné désintéressé qui veut les rendre accessibles au grand public. Or, rapidement les masques vont tomber, et révéler la vraie nature de l’archéologue altruiste. Au fil des missions, le Narval croise ainsi toutes sortes de personnages cyniques et sans scrupules. De la veuve éplorée d'un gardien de phare disparu, à une bande de pirates désespérés au large de l'Afrique, tous disent quelque chose de la cruauté du monde. Et si Bob s'en sort vivant, ce n'est pas toujours à ses talents de plongeur qu'il le doit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Derrière une couverture qui rappelle le Repaire de la Murène (une fameuse aventure de Spirou et Fantasio), se cache un personnage au caractère bien trempé. Robert Narval (Bob, forcément, pour les intimes) rappelle dans le trait et dans l'esprit les auteurs BD qui ont secoué la maison Dupuis dans les années 70 et 80. L'influence de Yann et Conrad est présente à travers un graphisme nerveux et des visages acérés, ainsi que derrière le cynisme des personnages et des situations. Le choix de 5 petites aventures est surprenant pour le premier tome d'une série, car chacune d'elle avait le potentiel pour donner lieu à un récit classique en 46 planches. Et à chaque fois, la fin semble très rapide au lecteur, qui en aurait bien pris pour quelques pages de plus. L'avantage de la formule est néanmoins de mettre le héros dans une série de situations qui brossent le tableau du monde dans lequel il vit, ce dont une histoire complète ne nous aurait donné qu'un aperçu. Quoi qu'il en soit, chacune de ces mini-aventures est rondement menée. Les dialogues sont efficaces et ne manquent pas d'humour, les scènes d'action sont rapides et parfaitement mises en scène. Et certains personnages que l'on croise très brièvement montrent un vrai potentiel, de vraies « gueules » de film d'espionnage des années 50. Même s'il nous laisse un peu sur notre faim, et dans l'attente de ce qui va se passer ensuite (une aventure complète ou d'autres « nouvelles » ?), cet album est visuellement réussi. Il attrape l'œil et donne rudement envie de tenter la plongée.