L'histoire :
Au cours de 5 aventures courtes, Robert Narval va aller de surprise en surprise, découvrant des mystères cachés ou des complots obscurs. Mu par l'appât du gain, son père Napoléon l'envoie sur les coups les plus louches. Des plongées improbables qui ne rapportent pas toujours à notre plongeur le bénéfice escompté. Ainsi la découverte d'une caverne souterraine au fond d'un point d'eau en plein désert, ou un sombre complot dans les égouts de Paris, montrent des hommes qui en utilisent d'autres pour parvenir à leurs fins. Manipulé malgré lui, Narval va parvenir à tirer son épingle du jeu, soit en obtenant un bénéfice personnel de l'aventure, soit en agissant directement sur le cours des choses. Car Robert Narval n'est pas non plus un enfant de chœur. Et s'il finit par aider un vieil écolo à s'échapper d'une île déserte où il est mystérieusement pourchassé, c'est par le plus grand des hasards. Lorsqu'il plonge, un lendemain de cuite, au plus profond du « trou du diable », c'est bien par amitié envers celui qui lui a tout appris en matière de plongée – et à qui il va rendre un service tout à fait inattendu. Beaucoup de voyages et des rencontres imprévues, qui permettent à Narval de plonger au plus profond de l'âme humaine… y compris parfois la sienne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le choix du premier album est ici confirmé : le Narval va nous proposer des histoires courtes, qui se terminent pour la plupart sur une surprise, ou une forme de « morale de l'histoire » un brin cynique. Le dessin très réussi de Boris Beuzelin, dans le style franco-belge modernisé (à l'image de Yoann, nouveau dessinateur de Spirou et Fantasio), apporte une dimension cruciale à ces histoires courtes, par ailleurs superbement mises en couleurs. L'impact visuel des planches du Narval va bien au delà de l'ambition apparente de la série, et vous happe par surprise, comme dans la Sima des Diablo, quatrième aventure de l'album. A mi-chemin entre l'école Spirou des années 90 et les encrages sombres des dessinateurs de comics américains, le trait nerveux, simple et précis de Beuzelin colle parfaitement à la morale souvent douteuse des personnages. On est par ailleurs beaucoup plus à l'aise dans ce nouveau volume, ayant cerné le profil des personnages et le ton général de la série. A partir de là, on se plonge dans chaque histoire en se demandant ce que le scénariste va nous avoir réservé pour boucler en 8 à 10 pages une trame qui, souvent, pourrait faire l'objet d'un album entier. Dans la plupart des cas, il s'en tire très bien, orientant progressivement ses histoires vers un brin de rêve ou de mélancolie, comme dans les deux derniers récits de l’album. Vue la maîtrise de ce sujet par les auteurs, on se demande néanmoins si une histoire sur 48 planches ne permettrait pas de donner un peu plus de profondeur à ce nouveau personnage. On pourrait alors profiter de la qualité des mises en page, et passer un peu plus de temps dans ces cavités sous-marines pleines d'obscurité. Pour cela, il faudrait peut-être renoncer au second degré de ces aventures brèves et rocambolesques, ce que les auteurs ne semblent pas avoir envie de faire…