L'histoire :
En pleine guerre de Crimée, qui oppose notamment l'armée anglaise à l'armée russe, deux détachements anglais doivent se rejoindre pour s'approcher de la ville de Balaklava. Leur objectif est d'assurer une surveillance des environs, en attendant l'assaut qui se prépare sur Sébastopol, toute proche. Il ne devrait y avoir aucune troupe organisée aux environs, tout au plus quelques groupuscules de paysans faiblement armés. Mais les officiers voient d'un mauvais œil cette guerre qui n'en est pas une et ne permet pas aux troupes un réel combat. La maladie commence à toucher les soldats, alors que les mouvements de troupes alliant turcs, français et anglais tardent à se mettre en branle. Les militaires tuent l'ennui en imposant leur loi aux autochtones qu'ils croisent, y compris en abusant des femmes. Mais les certitudes de ces officiers arrogants vont être bousculées lorsque l'un d'entre eux découvre son collègue mort sur son lit, alors que la femme qui l'accompagnait a disparu. Le général décide d'envoyer un détachement complet à la recherche d'un groupe de cavaliers qui se sont enfuis. Les tribus koumanes, amazones sans pitié, seraient à l'origine de cet attentat. Lorsqu'ils retrouvent leur trace, les anglais réalisent la terrible réalité : ils croyaient être les chasseurs, ils sont devenus des proies...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une longue mise en place – qui demande un peu de documentation au lecteur pour re-situer la guerre de Crimée parmi ses souvenirs – le cœur du récit commence avec la rencontre entre anglais et la tribu amazone des Koumanes. Le comportement de ces gradés face à la menace incompréhensible d'une tribu de femmes battant en brèche leurs convictions de supériorité militaire et masculine, est un puissant catalyseur scénaristique. Il faut un peu de patience pour s'en rendre compte, malgré les séquences de planches silencieuses qui nous font réaliser que ce récit ne sera pas comme les autres. Le général, debout sur son promontoire qui contemple la ville, est un appel au lecteur pour qu'il ralentisse sa lecture et réfléchisse à ce qui pourrait se passer. Ce premier tome est entièrement centré autour des personnalités du lieutenant et du général. Il est construit comme une très progressive entrée en matière pour la scène finale de l'album, totalement surprenante. Après avoir parcouru ce récit en se demandant de quoi il s'agissait, le lecteur comprend en une case hallucinante ce qu'il soupçonnait depuis de nombreuses pages. Cette histoire n'est pas une histoire de guerre, c'est l'histoire de la folle fierté des hommes. A suivre sur la chronique du tome 2, paru de conserve...