L'histoire :
De nos jours, aux environs de Paimpol. Par un beau matin, sous le soleil voilé de Bretagne, Fanch Karadec revient de la cueillette aux champignons. Un ami agriculteur, croisé en chemin, lui propose de le raccompagner en tracteur jusqu’au bourg. Fanch accepte avec plaisir et en profite pour faire quelques emplettes au marché, avant de rentrer chez lui. L’homme présente une chevelure blanche, une moustache abondante, porte de petites lunettes rondes et aime à fumer la pipe. Agé d’une soixantaine d’années, il est retraité de l’enseignement public et aime à faire des mots croisés pour passer le temps. Cet après-midi, un appel téléphonique l’invite à venir prendre un verre au bar tenu par son amie Soizig – une jeune femme joviale et bien en chair. Il y rencontre Serge, vieux loup de mer et ami pêcheur, avec qui il projette une sortie en mer, le lendemain. Voilà qui changera de sa routine quotidienne ! Au détour d’une rue, Fanch assiste à une altercation entre deux de ses anciens élèves, Bernard Lehennanf et Gilbert Le Crom. La rencontre tourne au vinaigre, des menaces sont proférées. Que ne fut l’effroi du retraité lorsqu’il apprit, peu de jours plus tard, le meurtre du premier cité, crucifié à une roue de charrette. Le matin même, figurait au courrier de Fanch une énigmatique lettre du malheureux, accompagnée d’une clef. La clef du mystère ? Qui sait. Le vol récent d’une statue de Saint Yves pourrait compliquer l’affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Riche idée qu’ont eue là Régis Loisel et Jean-Charles Kraehn, inspirateurs de cette nouvelle série policière d’essence régionale. Ces « papes » de la bande dessinée franco-belge ont (sans doute) soufflé aux auteurs de Fanch Karadec, l’enquêteur breton ce personnage de retraité de l’enseignement, vieux garçon, un poil bourru, têtu et tenace, aimant les mots-croisés et le mystère. Au scénario et aux couleurs, Stéphane Heurteau parvient à marier charme régional et intrigue prenante. L’exposition des charmes de la Bretagne passe par Paimpol, Ploumanach, Lannion et leurs environs, avec adresse et simplicité. Parfaitement impliqué dans une enquête riche en rebondissements – un meurtre, deux tentatives, un sacré coup de pelle, etc. - le lecteur ne s’ennuie guère. Les différents lieux traversés parviennent, au final, à brosser un tableau séduisant d’un pays pourtant pluvieux (et qui ne s’en cache pas). Mais l’ambiance est là. L’authenticité de même. A l’instar du héros, les différents personnages ont bénéficié d’une attention toute particulière, à chacun son caractère et un rôle singulier dans une histoire plus surprenante qu’elle en a l’air. Il vous faudra patienter jusqu’aux dernières planches pour apprécier pleinement le fin mot du mystère. Quant au travail de Sébastien Corbet au dessin, il est aussi notable. Ses cases montrent un crayonné poussé, étudié et longuement peaufiné, généreux envers ses personnages. Certes, le lecteur regrettera peut-être certaines vignettes au rendu un peu brouillon (ex. p.4 la 2e case, p.11 la 1ère case) ou un second plan au parfum d’inachevé. Mais, indéniablement, ce choix d’un crayonné travaillé et apparent participe à l’atmosphère recherchée. 64 pages pour finir en haut du Mont Saint-Michel. La carte postale est belle, un nouvel héros singulier est né. A découvrir aux jeunes éditions Vagabondages.