L'histoire :
Journaliste de second rang (il écrit des romans feuilletons), François décide de donner un nouveau souffle à sa carrière en s’exilant en reportage au fin fond du Sahara, s’intéressant à ceux que l’on appelle les « hommes bleus », les touaregs. Il fait une première partie de périple aux côtés d’une française, Camille Moulin, dont le charme ne le laisse pas insensible… Puis il se lance à l’aventure, grâce aux sauf-conduits obtenu par le père de cette dernière. De guides en passeurs, toujours vers le sud, il arrive enfin au sein de la tribu des Aarib, sa destination. Il reste alors de nombreux mois au contact de ce peuple chaleureux. Il apprend l’arabe, se fond dans leurs coutumes, noue de solides amitiés et… tombe éperdument amoureux de Leila, une jeune et belle Aarib. Un jour, il accepte de faire partie d’une caravane et de suivre une partie de la troupe pour un approvisionnement en sel. 25 jours de traversée du désert, jusque Taoudenni, une épreuve morale et physique intense… D’autant plus intense que François boude son ami Sidati, après avoir découvert que ce dernier s’est jadis servi de lui en tant que « mule » pour approvisionner la tribu en fusils. Sur place, durant 5 jours, Sidati s’occupe des transactions et des chargements, tandis que François constate, une boule au ventre, les conditions abominables des malheureux qui travaillent dans ces mines. Puis la caravane prend le chemin du retour. François découvre alors, à ses dépens, l’utilité des fusils qu’il a transportés malgré lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà la conclusion d’une belle et grande aventure qui fait la part belle au désert et aux coutumes des touaregs. Si lors d’un voyage africain ou de la diffusion annuelle de Lawrence d’Arabie, vous êtes tombés sous le charme du désert, vous ne resterez pas insensible à ce magnifique diptyque. Les conditions de vie extrêmes des lieux, ainsi que l’immensité et la beauté de ces paysages, ont façonné les mentalités et un sentiment de plénitude qu’on ne retrouve nulle part ailleurs (hormis peut-être au milieu du pacifique ?). On a le sentiment de toucher à l’essentiel, à l’humilité absolue… Et l’auteur Jérôme Heydon le sait, pour avoir réellement passé quelques temps au sein d’une tribu Aarib. Il y a donc sans doute beaucoup de ressenti autobiographique d’Heydon dans ce François-là. A mi-chemin entre l’aventure et le témoignage, le récit se double néanmoins d’une romance tourmentée et prend ses racines à une autre époque que la notre. Avec émotion mais sans pathos, ni sensationnalisme déplacé, son carnet voyage touche à l’authentique sans jamais lasser. Les dialogues, ou plutôt la plupart du temps le récit de François en voix-off, ont également bénéficié d’un grand soin. Heydon partage ainsi admirablement avec son lecteur l’amour et le respect qu’il porte à ce peuple et à leurs mœurs emplies d’une certaine sagesse. Le dessin de ce second tome parait plus spontané, moins léché, peaufiné à l’extrême que le premier tome (surtout vers la fin), mais il est tout aussi réussi et agréable. Une aventure envoûtante, une bouffé d’air (ensablé) et d’humanisme…