L'histoire :
Jeune écrivain en avril 1935, François Le Guennec entreprend un voyage au Maroc. D'ordinaire casanier, il est bien décidé cette fois à quitter sa machine à écrire, pour se frotter au terrain exotique qu’il décrit en romans-feuilletons pour le magazine féminin « Marie-Louise ». Monté dans le train à Paris gare de Lyon, il fait rapidement connaissance avec une jeune femme de son âge assise dans son compartiment, Camille Moulin. Le dialogue s’engage d’autant plus volontiers qu’elle doit également traverser la Méditerranée à destination de Tanger. Elle doit y rejoindre son père, un ancien militaire français fasciné par la lumière de l’Afrique. Au cours de leur voyage, les deux jeunes gens font plus ample connaissance, habités par un rapport de séduction réciproque mais très platonique. A l’arrivée, Camille ne laisse pas François partir à l’aventure : elle propose insidieusement à son père de faire jouer ses relations pour lui procurer les lettres de recommandation nécessaires à son périple vers les tribus maures. Quelques jours plus tard, il part enfin en excursion, sous bonne escorte, ignorant alors que sa candeur sert d’obscurs desseins politiques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous êtes toujours restés quelque peu envoûtés par le film Lawrence d’Arabie ? Dans l’affirmative, Aarib vous est fortement conseillé. Ostensiblement fasciné par l’Afrique et le désert, avec une implication et une application de chaque instant, Jérôme Heydon transpose en bande dessinée une fresque épique et enchanteresse. Et s’il parvient à nous transmettre le regard de son héros sur le Maroc et les nomades avec une telle justesse, c’est essentiellement parce que ce jeune auteur a réellement passé quelques mois dans la tribu maure des Aaribs. Il est logique qu’après avoir vécu une pareille aventure, on rentre en France avec le besoin de la partager. Heydon livre donc un premier épisode sur lequel souffle le foehn de la grande aventure, réaliste et humaine. Au départ malade et angoissé, son héros s’adapte et trouve rapidement la sérénité dans la simplicité de ces modes de vie. Sa candeur répercute la volonté de ne pas souiller une culture « originelle » par des acquis occidentaux ; une démarche qui rentrera frontalement en opposition avec les plans pernicieux des militaires français… dont on sait encore peu de choses. Ecrits avec un soin tout particulier, à la manière des récits de voyages, les dialogues souvent en voix off installent la tonalité feutrée inhérente au genre. Le récit prend son temps, de nous présenter les protagonistes, de nous faire découvrir la culture nomade… de nous immerger dans une lumière exceptionnellement rendue. Car pour parachever son hommage, Heydon a également peaufiné graphiquement ses planches : sans fioriture particulière, son trait est soigné, d’une grande douceur, et ses couleurs chatoyantes sont idéalement contrastées. Pour une première œuvre, respect !