L'histoire :
En cet été 1969, Walec, jeune inspecteur de police, mène une enquête à Aven, un petit village rural et, comme qui dirait, touristique. Car en effet, si Aven est célèbre, ce n’est pas tant pour son eau minérale pétillante, que parce qu’un pont surplombe les habitations à plus de 230 mètres de hauteur. De fait, le village est la dernière destination à la mode les dépressifs de tous poils, qui ont coutume de s’y jeter dans le vide. D’ordinaire, les cadavres retrouvés en bouillie en contrebas sont ceux de touristes de passage… Cette fois, il s’agit pourtant de deux villageois : le facteur et le sculpteur. Dès les premières heures sur place, Walec est confronté à une succession d’évènements peu ordinaires, baignant dans une atmosphère étrange. Il participe malgré lui à un mariage bien arrosé, se prend une volée de plomb dans l’épaule en ouvrant une porte piégée, et flirte avec une jeune inconnue peu farouche, Chloé. Il conclue finalement au suicide des deux villageois, mais reste persuadé que des acteurs locaux conservent une part de responsabilité dans cette affaire. Il fait donc mine de partir… pour mieux « planquer » en amont de la maison du maire, son suspect numéro 1. Il assiste alors à une scène lourde de conséquences : le fusil à la main, bouillant de rage, le maire boute le feu à une vieille demeure. Voulant sauver le propriétaire des flammes, Walec se jette dans le brasier et le trouve pendu à l’intérieur ! Afin d’avoir une explication, il poursuit le maire jusque dans l’ « Aven du diable », la grotte d’entrée de la source minérale. Au même moment à l’intérieur des galeries, le maire se souvient…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les frangins Stefan (scénario et couleurs) et Laurent Astier (dessins) livrent enfin le dernier acte de cette trilogie policière qui prend sa source dans les sixties rurales. Les deux premiers tomes nous avaient baignés dans une atmosphère étrange, pas forcément très réaliste et convaincante, mais assurément originale. Il s’agissait pour le jeune héros inspecteur de police de dénouer les fils d’une affaire de suicide suspecte, dans une ambiance lourde de non-dits. Ce dernier évoluait alors aux côtés d’une galerie de personnages interlopes dont la psychologie était au mieux décalée, au pire sommaire. Ne restait plus qu’à dénouer (et surtout nouer !) le tout en un dernier acte… qui emprunte néanmoins le même accord imparfait. Le pont meurtrier, qui revêtait jusqu’alors une importance toute particulière, laisse cette fois place à des grottes minérales, théâtres de la dernière scène et de longues séquences de souvenirs. Ces longs flashbacks (pour le moins biscornus) sont l’occasion pour Laurent Astier de mettre en place un système narratif « troglodyte ». Pour ces passages, l’auteur complet du bichromique Cellule Poison (dans un style plus hard-boiled) s’affranchit en effet habilement des bordures de cases pour donner une impression de souvenir diffus et compact… Or, bizarrement, cela rappellera étrangement aux fans le découpage de certaines planches de Rahan ! Ce final en queue de poisson laisse un goût d’inachevé, accordant à cette trilogie policière un léger manque de saveurs, à l’instar de l’eau minérale…