L'histoire :
Le « wet », comme on appelle les tempêtes là-bas, se lève sur le Northern Territory (Australie du nord). Cela n’inquiète pas encore la blonde Angie, qui termine sa série de longueurs dans la piscine de « Perdition », la ferme paternelle d’élevage de crocodiles. A proximité, Connors, son despotique père, surveille ses employés aborigènes en buvant une bière sous le porche. Mayaw, un jeune aborigène, verse des seaux de bidoche dans la fosse aux sauriens. Son vieux père taille la haie, imperturbable malgré les invectives injurieuses de Connors. Un pick-up rentre alors à la propriété. A son bord, Bruce, seul employé blanc du domaine, chasseur et amoureux éconduit d’Angie. A son tour, il ordonne à d’autres « bamboulas » de décharger les carcasses de kangourous qu’il a dégommés. Angie sort alors de l’eau et va discuter avec le vieil aborigène. Elle lui fait passer un message pour son fils Mayaw : rendez-vous, le soir, aux hangars… Le vieux n’a pas le temps de s’inquiéter de cette idylle « contre-nature » : Bruce les interrompt et envoie le vieil aborigène surveiller les bateaux au ponton, en pleine tempête. Alors que le déluge s’abat sur Perdition, Angie et Mayaw se retrouvent donc en douce, pour une nuit torride dans un hangar. La tempête bat toujours son plein lorsque, plus tard, les deux amants partent faire un tour en 4x4. Or Bruce les aperçoit et avertit Connors… qui rentre dans une colère noire. L’idée que sa fille puisse flirter avec un macaque d’aborigène le débecte. Saoul et furieux, il va décharger sa hargne au ponton, sur son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo choc de Welcome to hope remet le couvert pour une variante, en diptyque, à partir du même brouet de thriller rustaud et violent. Adieu ici les milieux bouseux et crasseux de l’ouest américain, bonjour l’Australie rurale raciste. Le décor est d’emblée planté, ainsi que la problématique : au sein d’un décorum aussi bucolique qu’une ferme de crocodiles en plein ouragan, une blanche et un aborigène ont commis le péché de s’aimer, ce qui a eu pour conséquence de mettre le paternel et son sbire hors d’eux. Le reste du récit scénarisé par Damien Marie s’applique à dérouler une fuite, une traque, un engrenage tragique, infernal, qui va de plus en plus loin dans l’abject… (raahh le cliffhanger !). Schématiquement, c’est un peu Roméo et Juliette génétiquement croisé avec Affreux, sales et méchants. Avec des allures de road-movie, la trame reste certes classique dans le registre, la lente narration et l’ignominieux des évènements vous prendront néanmoins aux tripes (et l’expression prend tout son sens, au milieu des crocodiles). De même, la surenchère dans le sordide a beau être un procédé « facile », elle fonctionne ici parfaitement. Au dessin, Vanders imprègne cette histoire de l’atmosphère pesante idoine : les ciels sont tourmentés, les cases sombres, les plans larges sur les sauriens grouillants et voraces parfaitement dans le ton. A travers son dessin réaliste encré, les personnages expriment toute leur hargne, l’immonde paternel en tête de cortège… Frissonnant et écœurant !