L'histoire :
Emma est une écrivain dans la trentaine, en pleine crise sentimentale. Elle s’est réfugiée dans une pension isolée dans la Meuse, au milieu de bois mouillés. Elle est venue là aussi pour écrire. Mais progressivement, son personnage prend le dessus sur elle et vient la hanter. Tel un miroir, il renvoie à Emma ses pensées et ses fantasmes. Un doppelganger imaginaire prend pied dans la réalité. Dans son journal intime, Emma transcrit ses doutes et ses pensées sur le livre en train de naître. Elle dépeint aussi ceux qui habitent la pension : l'étudiant sympathique, la petite serveuse, la troublante Marie et surtout Vic... Lentement, la réalité glisse vers l'imaginaire et les deux finissent par fusionner et révéler leur douloureux secret…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jumeau du tome 1 intitulé Noa et consacré à une peintre, Emma nous emmène cette fois dans l’esprit d’un écrivain hanté par son personnage et l’histoire vécue que celui-ci ramène au jour. Le thème des rapports intimes et complexes qu'entretient un artiste avec son œuvre est un classique. Toutes les interviews de créateur évoquent ce point même fugacement. Ce sujet est même à l'origine de nombreux récits, ou de films d'horreur comme l'excellent L'antre de la folie de John Carpenter. La difficulté majeure quand on traite un pareil thème est de ne pas se parler, mais de parler au lecteur. Ainsi, même si l'ouvrage de Daphné Collignon est une grande réussite d'un point de vue esthétique – l’objet est très beau, les dessins splendides – il tombe dans ce piège. A la première lecture, on est complètement perdu. Il paraît même ardu de parvenir du premier coup à la dernière page, il faut sans cesse reprendre en amont, un peu égaré... Certes, le fil narratif ne peut être linéaire quand on veut décrire la transition subtile entre la réalité et la fiction, quand quelqu'un se perd dans les limbes de son esprit. A ce type d’histoire correspond à un public sans doute restreint, qui aime prendre le temps de revenir en arrière et de tourner et retourner chaque case et chaque phrase dans son esprit. Peut-être, ce lectorat ciblé appréciera t-il cet album…