L'histoire :
Noa est une jeune artiste peintre trentenaire. Son credo, ce sont les tableaux représentant les arbres morts, en noir et blanc. Elle ne sait pas pourquoi elle ne fait que ça, mais c’est ce qui lui vient, ce qu’elle a envie de faire et ce qu’elle maîtrise le mieux. Les professionnels lui reconnaissent beaucoup de talent, une exposition de ses œuvres doit d’ailleurs ouvrir ses portes prochainement. Or Magda lui annonce qu’il est possible qu’elle soit absente à la date du vernissage. Hors de question pour Noa d’affronter cet évènement sans elle. Que représente cette jeune femme, pour avoir autant de poids dans la vie de la jeune artiste ? Est-ce sa sœur, son amie, son amante ? Même Karl, l’agent artistique de Noa, désapprouve cette dépendance, qu’il juge profondément malsaine. Avant de partir, Magda offre un encadrement à Noa. C’est une photo. Le pilier d’un pont, en forme de sirène sculptée, de nuit, au dessus duquel un homme regarde le fleuve. Cette image hante alors Noa. Ses rêves sont agités, elle se met à « psychoter » et sa rencontre avec un ex ne va pas arranger les choses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cœlacanthes nous narre les rapports ambiguës et indescriptibles unissant une artiste, sa muse et son œuvre. Etant donné que cela est, par définition, difficile à exprimer, Daphne Collignon se laisse porter par ce sujet à la fois intime et flou, à la manière dont son personnage se laisse porter par son art. Au niveau de la narration, le résultat se situe quelque part entre le journal intime et la poésie contemporaine en prose : ardu à traduire et de fait, un peu hermétique. Le lecteur qui se laissera bercer par ce premier tome, éprouvera sans doute une émotion, des impressions, voire peut-être un certain trouble… Mais pour en saisir toute la substantifique moelle, il faut s’appeler Daphne Collignon. Autobiographique ? D’univers oniriques en mélancolie réelle, on se console en contemplant de superbes planches, qu’on ne comprend pas toujours. Le style graphique, qu’on avait déjà pu apprécier sur le Rêve de pierres, prend de la maturité. Les encrages épais, souvent agrémentés d’une colorisation quasi bichromique, sont tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc, tantôt précis, tantôt suggérés. Enfin, quel rapport l’histoire de Noa a-t-elle avec les Cœlacanthes, ces poissons géants, épineux et primitifs ? Qui est Magda pour Noa ? Le second tome du diptyque nous apportera certainement les clés de compréhension qui font défaut à cette mise en bouche sensible, mais particulièrement nébuleuse…