L'histoire :
En octobre 1870, Paris est assiégée par les troupes prussiennes. Bismarck s’est même installé à Versailles. Beaucoup de Parisiens aisés ont fui la ville et les pauvres gens sont rationnés. Ils vont crever de faim et de froid pendant un hiver terrible. Les femmes sont mobilisées et certaines sont mêmes heureuses de voir se créer « les amazones de la Seine », qui vont prendre les armes aux côtés des hommes. La mère de Victorine, 11 ans, est dans ce cas. Eprise de liberté et d’égalité, elle rêve avec d’autres, Louise Michel, André Léo, d’un monde où la femme est l’égale de l’homme. Victorine, elle, passe le plus clair de son temps à s’amuser avec Castor et Pollux, les éléphants du jardin des plantes, ou à traîner avec la bande à Pamphyle. Les écoles de filles ont été fermées… Quand leurs logeurs louent leur chambre à des réfugiés, Victorine et sa mère déménagent dans une maison abandonnée par des riches. Ici, Victorine découvre une tête d’éléphant empaillée et de nombreux livres qui lui donnent des idées d’aventures grandioses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant la Commune de Paris, il y a eu la guerre. La guerre, la défaite, la perte de l’Alsace Lorraine, l’humiliation, et un hiver de cauchemar pour les Parisiens assiégés, affamés et congelés. Au milieu de tout ça, une grande agitation politique et sociale, puisqu’au début de l’album, la République a été proclamée par Gambetta depuis un mois. Les femmes de Paris s’organisent en clubs pour essayer de faire entendre leur voix, d’accéder à l’égalité, à la citoyenneté. Elles sont très actives dans la création de la Commune. Au milieu de cette histoire tragique, dure, faite de morts par la guerre, par la misère, le destin de la petite Victorine est une source de chaleur et de lumière. Elle rêve en grand, en très grand, se voit balayer les prussiens à la tête de son armée d’éléphants, et tente même de s’en donner les moyens. L’histoire est belle, tendre, magnifiquement menée par Wilfrid Lupano. Il est accompagné aux dessins par une jeune dessinatrice talentueuse, Lucy Mazel, qui arrive à enchanter le monde de Victorine, tout en montrant par moments la rudesse du monde d’adultes dans lequel la jeune fille se meut. Un excellent début pour cette courte série.