L'histoire :
Russie, 1917. Une tsigane a prédit fortune et gloire à Siméon Nevzorof. Ce dernier force le destin en dépouillant un antiquaire anglais et en usurpant un titre d’aristocrate. En compagnie de nouveaux amis, il ouvre un tripot, mais le succès de l’établissement sera de courte durée : Siméon est contraint de fuir Moscou quand la révolution éclate. Comme des centaines de russes, il part chercher l’exil en Ukraine. A peine débarqué à Kharkov et après avoir échappé aux différents contrôles, Siméon ne tarde pas à endosser son nouveau costume de dandy et à séduire de belles aristocrates. Il fait également la rencontre de Platonovitch, propriétaire d’une immense demeure en partie occupée par des soldats allemands. Séduit par la bâtisse et le discours enjoliveur de son vendeur, Siméon cède à la tentation de manière compulsive et se porte acquéreur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les poches remplies de roubles et d’or (bien mal acquis), Siméon, arriviste sans scrupule, a fui la révolution bolchevique par crainte de finir au mieux emprisonné, au pire pendu. Après un voyage en train dans des conditions spartiates, il arrive à Kharkov, où il ne tardera pas à rebondir et à retrouver un statut à la hauteur de sa vanité. Malheureusement la révolution russe fait tâche d’huile et une nouvelle fois, Siméon se sent menacé. Pour échapper à une fin tragique, il abandonne à nouveau ses biens aux insurgés. Dans ce deuxième opus (sur quatre), l’histoire bégaie : Siméon, hédoniste à la petite morale, ne peut profiter durablement de l’argent dont il dispose. Le destin est facétieux, le sort s’acharne sur celui né sous le signe d’Ibicus (le crâne qui parle), comme s’il était frappé d’une malédiction. Le récit est rythmé au gré des fuites de Siméon et de la contagion des événements qui bouleversent l’empire russe. Cet anti-héros, veule et orgueilleux, fascine par son instinct de survie développé et sa capacité à rebondir, à s’adapter à de nouveaux environnements. Les personnages longilignes aux traits émaciés, les paysages tristes plantent le décor de misère que connaissent les pays de l’est en 1918. Le choix graphique de Pascal Rabaté, avec ces lavis aux nuances de gris, colle magistralement à cette histoire sordide.