L'histoire :
Alors qu'une tsigane lui avait prédit la fortune, Siméon Nevzorov, tour à tour comptable, voleur, aristocrate, cocaïnomane, gérant de tripot, est contraint, sous la pression des révolutionnaires russes, à se réfugier en Ukraine. Devenu propriétaire terrien et commerçant de peaux d'astrakan, il pense avoir trouvé une terre d'asile. Malheureusement, le répit sera de courte durée, l'Histoire le rattrape. Deux policiers débarquent dans sa chambre d'hôtel, le passent à tabac, avant de l'emmener dans les locaux des services du contre-espionnage. Dans la salle d'interrogatoire, assis à ses côtés, il reconnaît un « ami » de soirée, le comte Chamborain. Conduit auprès d'un officier pour subir un interrogatoire musclé, Siméon est pétrifié. Craignant d'être torturé, il n’oppose aucune résistance face à ses geôliers et leur livre en pâture le comte Chamborain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec l’adaptation libre de ce roman d’Alexis Tolstoï datant de 1926, Pascal Rabaté nous invite à suivre les pérégrinations mouvementées de son anti-héros, victime collatérale de la grande Histoire. La tsigane qui avait prédit fortune à Siméon Nevzorov ne lui avait pas annoncé que l’empire russe allait connaître de grandes périodes de troubles à l’occasion des révolutions de février et d’octobre 1917 et qu’il ne pourrait jouir tranquillement de son argent bien mal acquis. Tout le talent de Rabaté, est de rendre presque attachant un personnage sans charisme, couard, qui transpire la peur, prêt à n’importe quelle compromission pour sauver sa peau. On explore ici les bassesses de l’âme humaine. L’atmosphère de ce 3ème volet est davantage pesante, Ibicus étant confronté aux services de contre-espionnage russes et à leurs méthodes barbares. Tel un pantin, son destin lui échappe et la mort rôde. Le découpage est aéré, rythmé avec un maximum de 6 cases par page et de nombreux passages sans texte. Les visages anguleux, les regards expressifs, les contre-plongées écrasantes et le dessin sans fioriture au lavis monochrome participent de cette ambiance parfois angoissante.
