L'histoire :
A la Sorbonne, en juin 2098, un étudiant en sciences politiques soutient une thèse devant un jury répondant aux lois sur la discrimination positive. Il se compose en effet de 4 minorités, parmi lesquelles un juif homosexuel de sous-catégorie ashkénaze, une femme musulmane tendance des opposants au voile et un afro-européen à forte corpulence. Le sujet qu’il présente porte sur un phénomène politique fascinant qui allait profondément bouleverser la démocratie française : le « sarkozisme ». L’étudiant se met alors à retracer la vie de Nicolas Sarkozy, de ses origines hongroises jusqu’à sa campagne pour la présidence de la république en 2006-07. L’exposé passe ainsi sur la jeunesse de celui que les média surnommeront plus tard « Sarko ». Une enfance dorée, une scolarité relativement moyenne, de banales études d’avocat, jusqu’à la révélation en passant devant un portrait de Georges Pompidou : Sarko lavera ses humiliations en réussissant en politique. A 19 ans, il adhérait à l’UDR (Union pour la Défense de la République), le parti gaulliste qu’un certain Jacques Chirac rebaptisera RPR…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois dans le paysage bédéphile francophone, une BD aborde un genre inédit : l’investigation politique. Le traitement utilise donc toutes les lois du genre (planches, cases, phylactères), mais n’espérez pas y trouver un thriller de longue haleine : les auteurs ont empilé les saynètes comme autant d’étapes jalonnant le parcours politique de Nicolas Sarkozy. Etant donné que cela retrace 30 ans d’engagement d’une figure très médiatique, il y a largement de quoi remplir 148 pages. Cette biographie néanmoins passionnante est habilement orchestrée par le journaliste d’investigation Philippe Cohen (entre autre rédacteur en chef adjoint de Marianne) et le scénariste Richard Malka (L’ordre de Cicéron), également avocat spécialisé dans le droit de la presse. Si le ton est caricatural, pas très éloigné de la ligne éditoriale des Guignols de l’info, le fond est tout de même le résultat d’une enquête journalistique poussée et complète sur la vie de Nicolas Sarkozy. Dès son plus jeune âge, Sarko est présenté comme un frustré, un calculateur, prêt à toutes les traîtrises et à tous les revirements pour parvenir à ses fins : conquérir le pouvoir. Malka et Cohen n’inventent rien : ils empruntent juste pour l’occasion le costume taillé par le grand René Goscinny pour son célèbre Iznogoud (qui veut être calife à la place du calife). Qui mieux en effet que la « bête publique » Sarko, volontairement surexposé dans les médias, pouvait devenir un personnage de BD crédible ? (après tout, il se l’est bien cherché) L’image du bonhomme en prend donc un sacré coup dans l’aile, mais il n’est pas le seul. Les autres barons de l’UMP sont également écornés (à quelques rares exceptions, du type Juppé) et même au-delà, la classe politique dans son ensemble s’en trouve partiellement discréditée. Le dessinateur Riss, habitué des colonnes de Charlie Hebdo, campe d’ailleurs fort bien tout ce petit monde. Cette bio « non-officielle » est le résultat d’une enquête sérieuse, dense et documentée, mais le propos est évidemment éminemment partisan. Tantôt caricatural, tantôt acide, l’ouvrage ne manquera donc pas de crisper les gens de droite et d’orner les étagères des gens de gauche.