L'histoire :
A travers les paysages sauvages et enneigés du Canada, Ovide recherche des traces de son frère jumeau, accompagné de ses enfants Tom et Lili. Il y a déjà un mois que Gédéon a disparu, alors qu'il était parti pêcher à travers le trou d'un lac gelé. Ils retrouvent son chien Picou, apeuré et affamé, qu'ils ramènent à la maison. Le lendemain, Ovide a l'idée de se servir de la terreur de Picou comme d'une boussole inversée : il retourne à la recherche de Gédéon en allant systématiquement dans la direction dont le chien essaie de s'éloigner. Il aboutit ainsi au Lac-à-l'ombre, un coin perdu et inquiétant, qu'il se met à inspecter. Stupeur : une jeune femme l'appelle au secours depuis un trou dans la glace ! La jeune femme dénudée lui sert une curieuse histoire : elle est une sirène, prisonnière des glaces et... bafouille, comme surprise par le visage d'Ovide. Ovide comprend rapidement qu'elle a été en contact avec son jumeau et tout cela pue le piège. Il décide de prendre un peu de recul, le temps de la réflexion. Il y retourne à la nuit tombée et papote de nouveau avec la sirène. Celle-ci lui avoue le piège : elle sert d'appât à une créature lacustre monstrueuse qui dévore ses victimes... et dont son frère fait partie. Elle lui demande de l'aider à se sortir de là...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Précisons avant toute chose : ce tome 1 est la stricte réédition d'un album paru en 2011 chez Glénat Québec sous le titre La bête du lac... aujourd'hui pourvu d'une suite qui sort en parallèle. On connaissait François Lapierre coloriste pour Magasin Général ou auteur complet dans ses Chroniques sauvages. L'auteur québécois s'imprègne aujourd'hui de légendes amérindiennes pour proposer un récit d'aventures fantastiques truffé d'humour, suivant des axes de développement souvent originaux. A une époque indéterminée, qui ressemble au début du XXème siècle, le héros Ovide n'a guère le temps de s'attrister de la disparition et la mort de son frère jumeau. Il est aussitôt confronté à une sirène, un monstre lacustre, un éventuel trésor caché, et pire que tout : une amoureuse bavarde. Dès les premières cases, le récit emprunte une légèreté de ton très agréable, en allant droit au but et en étant saupoudré juste ce qu'il faut de répliques truculentes (qui doivent beaucoup au nom imprononçable de la créature : Shoshaminissipeshimini !). La gouaille et la bonhommie des personnages font beaucoup aussi à l'attachement qu'on leur porte. Le dessin de Patrick Boutin-Gagné est en parfaite adéquation avec le ton. Le coup de crayon est dynamique et maîtrisé, lisible aussi bien dans les paysages majoritairement enneigés que pour le character-design parfaitement en place. Au terme de l'album, qui ne comporte aucune numérotation, on est heureux de constater que cet univers recèle encore bien des mystères : cette histoire n'est que le pilote d'une série au plus long cours. On se plaira à découvrir la suite de cette série inspirée de Jack London croisée avec Pirate des Caraïbes...