L'histoire :
Sourde de naissance, Maya Lipman n’en n’est pas moins l’un des meilleurs éléments de la police bordelaise. Dotée d’une jolie force de caractère et d’une volonté à toute épreuve, la jeune inspectrice a su imposer ses compétences auprès d’une équipe de mâles souvent lourdingues. Chacun s’est ainsi assez facilement adapté à son handicape. Maya démontrant chaque jour qu’il ne pouvait constituer un quelconque frein. Ces derniers jours, ce sont 3 affaires qui aliment le travail du groupe d’enquête dont Maya fait partie. La première concerne une histoire bizarroïde de tapage nocturne, dont les premiers éléments conduisent à un trafic de stupéfiants et l’étrange abandon d’un petit garçon. La seconde, dont Maya et son coéquipier ont la charge, tente d’élucider une histoire de lettre anonyme menaçant de mort un habitué des nuits bordelaises aux activités douteuses. La troisième concerne une plainte pour trafic humain. Malheureusement, aucune piste sérieuse n’est établie. Il existe juste cette coïncidence qui domicilie les différents protagonistes des 3 affaires dans le même immeuble. A cela s’ajoute – sans que ce ne soit a priori lié aux autres affaires – les élucubrations de Sam, un SDF. Il confie à Maya une étrange histoire qui parle de tombe et de femme emmurée contre son gré. Maya ne l’écoute pas. Pourtant quelques temps plus tard, sur un chantier, Sam tente de soulever une stèle en ciment. Surpris par les ouvriers, il prend la fuite et perd la vie en étant percuté par une auto. Dépêchée sur les lieux de l’accident, Maya découvre sous le bloc de béton une femme nue qui vit à peine. Qui est elle ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alimenté par une intrigue au suspens accrocheur et un personnage central aussi atypique qu’attachant (Maya, inspecteur de police atteinte de surdité), le premier tome avait joliment planté ses petits crocs dans notre curiosité. Peu d’action mais une belle veine psychologique alimente une seconde fois ce thriller happant. Difficile, néanmoins, de se montrer disert sur le fond du récit, sans en dévoiler les secrets. Cependant, l’entrelacs énigmatique des 3 enquêtes menées par nos policiers bordelais lève ici son voile en opérant sa judicieuse jonction. Les apartés anxiogènes habilement titillés par le premier tome trouvent quant à eux leur justification. Et le tout est idéalement à nouveau enrobé de ces kilos d’humanité. En particulier déversés par le personnage de Maya (et ses propensions éducatives à propos du monde des sourds et malentendants), pour en faire le véritable « plus » de cette série (ce diptyque ?). Huilée avec expertise, la mécanique du récit – bien qu’empruntant une trame policière classique – est distillée habilement : les rebondissements sont impeccables ; les surprises au rendez-vous et le jeu des relations entre protagonistes parfaitement servi. Seul regret : un final ficelé un peu brutalement (8 pages). Démontrant en tout cas qu’au regard de son intrigue – malicieuse – cette enquête aurait pu nous balader savoureusement dans ses méandres encore 2 opus au moins. La partie graphique proposée par Horne absorbe impeccablement le tempo du récit. Elle a juste les défauts de ses qualités : un réalisme voulu et joliment traité, bannissant un brin la rondeur et le mouvement. Mais proposant néanmoins une alternance de cadrages habiles pour y remédier.