L'histoire :
Londres, fin du XIXe siècle. Alors que Darwin vient de disparaître, un homme illustre parfaitement la théorie de l’Évolution. Cet homme pourrait être le chaînon manquant entre l’homme et le singe. Cet homme, c’est John Arthur Livingstone. Devenu lord, l’homme raconte son histoire devant une assemblée de scientifiques. Abandonné à la naissance, il fut adopté et élevé par une famille d’orang-outans sur l’île de Bornéo. Un jour, des hommes débarquèrent, le trouvèrent et l’arrachèrent aux singes qui s’étaient liés d’affection pour lui. Douloureusement, il apprit à se plier aux codes de la civilisation, à dompter son animalité et à devenir un homme. Pendant que Livingstone expose son histoire, des jeunes femmes sont assassinées dans les ruelles sombres de Londres, la nuque brisée. Ce nouveau meurtrier marche sur les traces de Jack l’Éventreur. S’agit-il d’une bête qui rôde ou d’un homme dénué d’humanité ? Ou bien un peu des deux ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Librement inspirée des Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul d’Albert Robida (un romancier visionnaire du XIXème siècle, dans la lignée de Jules Verne), cette première collaboration entre Philippe Bonifay et Fabrice Meddour s’articule autour de Sir John Arthur Livingstone, une sorte de Mowgli (Le livre de la jungle de Rudyard Kipling) tiraillé entre son animalité originelle et son humanité instruite. Avec subtilité et talent, Bonifay dresse ici le portrait d’un homme sauvage et indomptable, flamme d’un brasier gigantesque, qu’aucune trombe d’eau ne pourrait éteindre, qui vient saccager l’ordre établi de l’Angleterre victorienne, frileuse à l’idée de s’entendre dire que l’homme descend du singe. L’auteur signe là un scénario dans la lignée de l’excellent Zoo où il explorait déjà avec brio le rapport entre l’homme et l’animal. Sa narration fluide et élégante est servie par le trait d’un Meddour au sommet de son art (entre Yslaire et Rosinski !). Chacune de ses cases est un véritable tableau qui nous plonge dans l’atmosphère de l’époque. Les couleurs signées Stéphane Paitreau sont somptueuses, à la fois chatoyantes et lumineuses, pour la partie évoquant Bornéo, et nébuleuses et sombres, pour celle se déroulant à Londres. Son utilisation de la technique du lavis donne toute sa densité à l’ensemble. Ce dyptique fort prometteur trouvera son épilogue en 2013. D’ici-là, les singes évolués (quoique !) que nous sommes, devront faire preuve de patience…