L'histoire :
Grace aux révélations de Silien Melville, simple pompiste et héritier malgré lui d’un dossier brûlant, l’opération Arpège a fait scandale dans l’opinion publique, et a fait tomber l’un des candidats à l’Elysée. Le parti politique adverse n’a cependant pas la conscience tranquille. Le dossier Arpège constitué par feu Hervé Bodo est forcément plus dense que ce qui a été révélé dans la presse. Il est primordial, pour l’officine, de retrouver ces documents… qui se trouvent alors en possession de Silien Melville. Bruno, un « spécialiste », est donc lancé à sa recherche. Pendant ce temps, la DGSE tente d’en savoir plus sur les sources d’Alice Rongel, la journaliste par laquelle a éclaté le scandale… en vain. Espionnée par ledit Bruno, la journaliste est alors contactée par une inconnue grimée, pour un échange d’informations réciproques. Mais cette femme mystérieuse prend la fuite dès qu’elle comprend que la journaliste ne sait pas grand-chose. Néanmoins, le soir suivant, Alice Rongel est assassinée chez elle par Bruno, qui voulait la faire parler. Pendant ce temps, Silien se réfugie dans la maison de campagne de Bodo, en Normandie. Il découvre alors avec stupeur et rage, que son vieux pote de la légion vivait en couple avec son ex à lui, et qu’ils ont eu un fils, âgé aujourd’hui d’une dizaine d’années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome pouvait se lire comme une intrigue complète. Silien Melville, ancien légionnaire et looser pompiste, héritait presque par hasard d’un dossier brûlant, et se transformait dès lors en héros national. Il déjouait les pièges d’une traque et il divulguait aux médias que le postulant à l’Elysée trempait dans une affaire politico-médiatique. Cette suite peut se lire comme une extension, mais elle se fond globalement dans le même moule : même rythme qui prend son temps tout en restant trépidant, même précision chirurgicale dans les tenants et aboutissements de la traque… Versant toujours volontiers dans le polar noir minutieusement ciselé, comme dans les films de Jean-Pierre Melville (dont le patronyme du héros fait un hommage), Jean-Blaise Djian s’adjoint les talents d’un autre scénariste, Christian Mantey. Quelques ficelles narratives semblent un tantinet sommaires, notamment la manie qu’ont certains personnages de penser tout haut pour nous délivrer les informations. Néanmoins, les révélations finales rendent cette suite beaucoup plus nécessaire qu’envisagée au départ, en cohérence avec l’intrigue générale et la psychologie des personnages. L’ambiance glauque est aussi véhiculée par le dessin ultra-réaliste de Cyrille Ternon, de plus en plus fin et détaillé. La plupart du temps recomposées à partir de clichés, les cases de Ternon harmonisent néanmoins personnages et décors, en un tout harmonieux et agréable à suivre. Certes, un petit bémol est à porter aux expressions faciales des personnages, très figées… mais c’est souvent la rançon de ce registre graphique. Notons enfin qu’après le Coluche de Tchao pantin, Ternon tire le portrait d’Eddy Mitchell, pour un emploi de truand pas fute-fute…