L'histoire :
La première mission aérienne du jeune Manfred pourrait être considérée comme une victoire, car le biplan français s'est écrasé sur une église. Pourtant, le Lieutenant allemand a un sentiment amer. Derrière sa mitrailleuse, il pensait que l'avion ennemi tomberait en flammes à la première rafale, mais lui et son pilote n'ont pas eu la suprématie dans le combat aérien, handicapés par un engin moins manœuvrable que celui des français. Heureusement, ceux-ci ont raté un virage et se sont écrasés sur une église. Pour Manfred, c'est tout vu : il doit devenir pilote et cesser de laisser reposer le sort de sa vie sur un autre que lui, fut-il un aviateur réputé et qui plus est un ami. Drôle de sort pour celui qui s'était engagé dans la Cavalerie, et qui a demandé une mutation vers un secteur où le conflit serait plus dense que sur le front Est. L’État-major allemand ne s'est pas fait prier pour l'envoyer en France, une fois sa formation de pilote achevée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le premier tome de la série était séduisant, celui-ci devient passionnant. L'aspect le plus étrange de l'opus précédent reposait sur cette sorte de pouvoir prémonitoire dont jouit le jeune Manfred. Dès qu'il est situation conflictuelle, il perçoit en effet les intentions de ses antagonistes, comme on lit dans un livre ouvert. Cet aspect étrange, à la limite du fantastique, pouvait interroger le lecteur. Mais le développement de l'histoire permet au contraire de renforcer le caractère inquiétant du Baron Rouge : cet homme à l'ego aussi démesuré que ses ambitions est une sorte de monstre, un ange de la mort qui s'épanouit pleinement dans cette Der des Ders. La narration continue de s'appuyer sur la voix-off, provoquant l'immersion du lecteur dans la psyché froide et terrifiante du soldat germanique. Pourtant, il reste humain, attaché aux valeurs de la camaraderie et de l'honneur, ce qui fait que ce n'est pas un portrait caricatural qui en est tiré. Rendons également hommage au formidable travail de Carlos Puerta, qui signe des planches incroyablement belles. Ses peintures sont à la fois très réalistes, mais elles véhiculent toute une palette d'émotions. Le soin amené aux décors, les scènes de combats aériens, les portraits, tout y passe sans qu'on trouve la faille. Et ce qui est le plus remarquable, c'est que la profusion de détails ne nuit jamais à la fluidité du récit. On ne décroche pas les yeux des cases, certes, mais on ne décroche pas non plus de l'histoire. Une série à découvrir !