L'histoire :
1973, l'agent double américain Herring, dans son imperméable bien fermé, cravaté, clope à la main, a tout de l'agent classique d'alors, si ce n'est un air Camusien étonnant. En mission du côté Est du mur de Berlin, mais en proie aux doutes quant à son rôle, il doit assurer son salut face à un évènement extraordinaire venant de se produire. Une entité extraterrestre semble en effet avoir été récupérée par les soviétiques, et gardée dans les sous-sols d'une forteresse, personne ne sachant comment la gérer. Lui est soupçonné par un agent de l'autre bord. Et il va falloir jouer serré lorsque tout va partir en cacahuète. Qui croire, et comment réagir ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous embarquant dès les premières pages dans un maelstrom de vues nocturnes éblouissantes, aux tons orangés, Apparition dans le ciel de Berlin Est donne le ton avec une ambiance et une action dures, froides. Puis surgit le flash, bleu, blanc et rosé et l’étrangeté. Si l'on ressort avec un sentiment un peu confus sur cette histoire, empruntant autant au roman l'Espion qui venait du froid qu'à la série Stranger Things, c'est sans doute que Jeff Loveness a voulu enrober sa réflexion intime dans un récit rétro SF qui ne le sert qu'en partie. Cette réflexion, sur le libre arbitre d'appartenir chacun à un camp ou à un autre, souvent lié comme ici à un passé douloureux, aurait pu davantage convaincre. Abordés sur seulement quatre pages, ces vestiges du passé sensés créditer l'attitude d'un des protagonistes et le faire se rapprocher de son rival, semblent échouer, cependant, justement parce qu’ils sont trop voilés par l'élément fantastique. Restant quelque peu sur notre faim, on est cependant impressionné par la qualité graphique mise en œuvre par Lisandro Estherren, dont le trait fin et nerveux impressionne, sublimé en grand format par les couleurs magiques et subtiles de l’argentin Patricio Delpeche, et le potentiel de l'histoire. Une apparition légèrement trop fantomatique, à moins que cela ne soit qu'une simple métaphore. Une galerie graphique est proposée en bonus en fin de volume.
