L'histoire :
A fleur de peau : Elle se tient au beau milieu de la chambre d’hôpital éclairée par le soleil et lui sourit, les yeux emplis de larmes. C'est une créature à la beauté rayonnante, Une Venus en tenue moderne. Quelque part au fond de lui, sa mémoire s'éveille et prend presque forme, avant de s'évanouir... Elle en fait partie, c'est certain ! Elle appartient à ce passé dont il ne peut se souvenir. Il la fixe à travers les bandages qui couvrent son visage, alors que le médecin referme la porte derrière lui, les laissant seuls. Elle lui murmure alors que tout va lui revenir, qu'elle va l'aider à recouvrir sa mémoire, que le docteur dit que c'est une amnésie temporaire, qu'il peut en guérir à tout moment. Il la regarde, sceptique. Elle lui est à la fois étrangère et familière. Elle traverse la pièce jusqu'à son lit, lui prend la main, presse ses lèvres douces et purpurines contre elle. Elle lui dit qu'elle est Gloria. Gloria Anders. Elle lui dit qu'ils s'aiment et qu'il est Robert Sickles. Elle lui dit qu'ils se sont rencontrés il y a six mois mais que leur amour était impossible. Elle lui dit qu'il a tué son mari, pour qu'ils puissent vivre enfin ensemble et empocher la police d'assurance vie. Elle lui dit qu'il a été brûlé en mettant le feu à la voiture qui renfermait le cadavre de son mari...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour qui aime les comic books, Shock Suspenstories est la promesse de moments de lecture jubilatoires. Ce volume 3 reproduit les histoires du bimensuel éponyme contenues dans les numéros #13 à #18, de février 1953 à janvier 1954. La publication était à l'époque bimensuelle et comprenait quatre histoires. Fondée en 1952, la revue avait pour objectif d'élargir l'offre de l'éditeur, face au succès croissant de ses autres publications. Twoo- Fisted Tales et Frontline Combat consacraient des histoires de guerre, Tales from the Crypt versait dans l'épouvante, Weird Science projetait le lecteur en pleine Science Fiction et Crime Suspenstories distillait son polar noir. Shock Suspenstories a démarré avec un sommaire mixte, fait de quatre histoires évoluant dans ces registres respectifs. Mais très vite, dès le second numéro, les récits de guerre ont été supplantés par des histoires qui abordent un thème social. Si la dénonciation du racisme soulève son lot de protestation, Bill Gaines tient bon et au contraire, il veut continuer à pouvoir délivrer un message. Et à partir du numéro #12, la SF disparaît également. Alors ce troisième tome contient 100% d'histoires courtes qui viennent emprunter à la romance, à la fiction et au thriller. La romance ? Hé bien oui, quel meilleur motif pour un crime que la jalousie liée à l'infidélité de sa femme ? La fiction, car le meurtre peut être une belle porte d'entrée sur la folie et le thriller résulte du suspense, de la tension qui monte et qui aboutit systématiquement au drame, révélé dans la scène finale. Au cours de ces 24 histoires, on retrouve donc une dénonciation claire du racisme, quand les hommes de couleur et les latinos sont pourchassés par des types cagoulés faisant brûler des croix devant leurs maisons, des violences intra-familiales aussi. Et comme un leitmotiv, l'imbécilité est toujours le terreau de la violence qui mène au crime. Côté dessins, il n'y qu'à jeter un œil au casting pour comprendre. Si Franck Frazetta et Wally Wood sont là, c'est que les autres dessinateurs sont aussi des tops ! Alors, il n'y a plus aucun suspense à ménager : un grand classique est un grand classique !