L'histoire :
« Pendant toute une journée d'automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j'avais traversé seul et à cheval une étendue de pays particulièrement lugubre. Enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, mais au premier coup d'œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d'insupportable tristesse pénétra mon âme »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus Richard Corben, que tous les amateurs de comics connaissent pour son travail depuis des années, et dont chaque publication est aussi rare que précieuse. Quant à Poe, sa renommée ressort de la légende, initiée par les traductions de Baudelaire et Mallarmé… Ses histoires (aux qualités) extraordinaires ont fait l'objet de très nombreuses adaptations, plus ou moins libres. Ici, on se régalera des reprises de texte, pour un travail qui se veut très fidèle au texte. Tout se passe comme si Corben avait réussi à mettre en images celles qui lui sont venues en s'imprégnant de la poésie mystérieuse et macabre de cette fameuse nouvelle. Son travail d'adaptation est en effet remarquable en cela qu'il réussit l'exploit de construire un visuel d'une beauté inquiétante, qui prépare aux conclusions ponctuées par des scènes de pure épouvante. Une étrange esthétique renforcée par les couleurs appliquées par l'artiste. On notera que l'album contient également l'adaptation de deux autres nouvelles : « Le corbeau » (8 planches) et « Ombres » (7 planches). Un album qui vaut le détour, surtout quand on sait que 25 après, Corben (et quelques auteurs de son choix) remet le couvert, en noir et blanc cette fois, et en s'accordant de grandes libertés avec L'antre de la peur…