L'histoire :
Jacob est un adolescent un peu terne. Il n'a pas vraiment d'amis et son destin semble déjà tracé: reprendre la pharmacie familiale. Mais il a gardé un attachement particulier pour son grand-père, Abe. Quand Jacob était enfant, le vieil homme lui contait des histoires fabuleuses ayant pour sujet un orphelinat isolé sur une île du Pays de Galles. Même si Jacob est aujourd'hui persuadé que ces histoires cachaient en fait une réalité sinistre mais n'ayant rien de fantastique, il a conservé beaucoup d'affection pour son grand-père. Mais, un jour, alors qu'il rend visite à son grand-père après que celui-ci lui ait laissé un message sans-queue-ni-tête sur son répondeur, Jacob retrouve le vieil homme grièvement blessé. Avant de rendre son dernier souffle, le grand-père de Jacob lui laisse un message cryptique. Jacob aperçoit alors une créature monstrueuse, probablement le tueur de son aïeul, avant de perdre connaissance. Le temps passe et Jacob est traité par son entourage comme si tout ce qu'il avait vu n'était que la conséquence du choc consécutif au décès de son grand-père. Mais, un jour, Jacob découvre une lettre adressé à Abe, le grand-père de Jacob. Cette lettre est signée par une certaine Miss Pérégrine, la directrice de l'orphelinat mentionné dans les histoires que Abe racontait à Jacob...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Miss Pérégrine et les enfants particuliers est l'adaptation en bande dessinée d'un roman orienté « jeunes adultes » et écrit par Ransom Riggs. L'histoire raconte, on aurait envie de dire « sans surprise », les aventures d'une bande d'adolescents dotés de pouvoirs étranges et obligés de vivre en marge de la société des « normaux » (un peu comme dans X-Men) et confronté à une cabale de monstres surnommés les « creux » (ou Hollows – un peu comme dans Bleach). Pour s'abriter encore plus de la folie et de la haine des hommes, nombre d'entre eux se sont abrités dans des boucles temporelles. Miss Pérégrine raconte les tout débuts de cette série de romans ou comment un adolescent un peu retiré du monde qui l'entoure va se retrouver dans des aventures un peu folles, effrayantes et bien sûr découvrir l'amitié et l'amour. Malgré ce cadre sans réelle originalité, Miss Pérégrine réussit à se démarquer grâce à son atmosphère effrayante et sombre, par des scènes d'action haletantes et, surtout, par les implications tragiques de son principal accessoire narratif : le voyage temporel. Les illustrations sont un peu déconcertantes, au début, avec un style mi-classique, mi-manga, mais on s'y habitue rapidement et les qualités d'illustratrice de Cassandra Jean apparaissent rapidement, notamment dans les planches dont les compositions échappent au découpage classique (les rares montages photos, sans être rebutants, n'apportent cependant pas grand chose). A noter, cela dit, que la narration est parfois un peu chaotique et on a presque l'impression que les protagonistes se téléportent tant certains changements de lieux (ou d'époque) se font de manière brutale. La narration, elle, prend son temps et c'est après des débuts un peu laborieux que le récit prend son essor et ce dès que Jacob trouve les enfants particuliers. Miss Pérégrine n'échappe pas aux poncifs de la littérature pour jeunes adultes avec l'établissement (un peu abrupt) d'un ensemble de termes plus ou moins inspirés et d'idées mettant en place les règles et particularités de la franchise – pardon, de l'univers. Pour autant, arrivé à la fin de ce premier tome (car une suite, Hollow City, attend au détour de ce volume), on est emportés dans l'aventure avec une course-poursuite finale éprouvante pour les nerfs et aussi une conclusion ouvrant sur un horizon d'aventures à travers le temps et l'espace. C'est sans doute la meilleure idée de ce récit qui va – apparemment – envoyer nos héros à divers endroits et époques dans sa suite. Un livre un peu déroutant et graphiquement austère dans ses premières pages mais qui, si tant est qu'on lui donne sa chance, réussit à captiver et ouvre sur une aventure prometteuse.