L'histoire :
L'appât du gain est clairement une boulimie pour Marjorie Finnegan, et c'est pour cela qu'elle parcourt le flux temporel en quête de trésors en tout genre. Mais la discrétion n'étant pas son fort, ses missions se terminent souvent à coup de fusil à pompe dans la face et peu importe les anomalies historiques qui en découlent. Heureusement, elle est équipée du fameux réaligneur K-2001 qui permet de réparer le temps et de modifier l'écrasement de la carotide d'un soldat de l'Égypte antique, par un plus conforme étouffement dû à l'ingestion d'une figue. Rien ne semble pouvoir arrêter la folle cavale de cette voleuse déjantée, si ce n'est la chrono-police et sa Marshall la plus redoutée, Harri la sœur cadette de Marj. Au-delà de son zèle habituel, elle compte bien se venger des nombreux services que lui a infligés sa sœurette durant l'enfance et qui lui ont notamment coûté un œil. Comme si la situation n'était déjà pas assez tendue pour la hors-la-loi, son ex s'est associé au seigneur du mal et ils ont pour sinistre projet de modifier les grands moments de l'histoire de l'humanité, notamment les actes fondateurs des plus grandes religions du monde. Une chose est sûre, après les pièces d'or, c'est les ennuis que Marjorie Finnegan va collectionner...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsqu'il s'agit de parler des ouvrages du sulfureux Garth Ennis, il convient avant toute chose de faire une petite mise au point pour les jeunes lecteurs qui se préparent à découvrir l'univers du scénariste irlandais. Ennis aime choquer, transgresser, avec des dialogues outranciers qui tournent souvent autour du sexe, de la violence et qui blasphèment férocement les différentes religions. Une fois cet avertissement effectué, soit vous refermez cette bd et passez votre chemin, soit vous acceptez alors la liberté totale de ton de ce comics. Après le troublant " a walk through hell ", les éditions Black River nous proposent un nouveau titre de Garth Ennis dans une ambiance cette fois beaucoup plus légère mais toujours aussi provocante. Derrière la tartine d'obscénités, de jurons et d'hémoglobines, Ennis construit une sorte de thriller SF jubilatoire autour de personnages plus improbables les uns que les autres, des anti-héros abjects, des crétins pathétiques, des pourritures nihilistes qu'on adore détester. Il faut avoir le cœur bien accroché tant Ennis pousse le curseur à fond dans le sordide, mais on ne peut clairement s'empêcher d'éclater de rire par moment face à des répliques tonitruantes ou des situations hilarantes. Dans ce grand délire, le scénariste est accompagné du dessinateur croate Goran Sudzuka qui rend une copie tout à fait honorable avec un style qui rappelle par moment le trait de crayon du regretté Steve Dillon. Marjorie Finnegan, c'est donc un peu comme un éléphant sous acide dans un magasin de porcelaine ou ce tonton grossier qui a trop bu à la communion du petit neveu. Du sale, du très sale, mais parfois qu'il est bon d'être mauvais...